Je m'interroge. Si je regarde les archives de mon blog, je découvre que sur les presque 600 articles - ben ouais, mec, 600 ! - publiés depuis mars 2017 celui qui bat les records d'audience est celui qui est titré : Rien ne justifiera jamais des insultes obscènes. Pourquoi cet article-là, plus qu'un autre ? Pourquoi totalise-t-il 3200 clics ? Est-ce pour le sujet de fond - les femmes sont continuellement réduites "aux promesses supposées de leur corps", quoi qu'elles disent, quoi qu'elles fassent, quelle que ce soit leur position sociale ou le sujet dont on parle ? Est-ce parce que l'exemple qui servait mon propos est le harcèlement en ligne que subissait Marlène Schiappa, au moment de la publication de cet article, en janvier 2019 ? Ou bien est-ce parce que dans le titre de cet article, figure l'adjectif "obscène" ? On le sait, l'obscénité est toujours putaclic. Elle fait vendre du papier, elle attise la curiosité collective plus que n'importe quel autre mot.
Janvier 2019 |
Mais si l'on revient au sujet dont il était question, force est de constater que deux ans plus tard, rien n'a changé. Les femmes qui dérangent, celles qui s'expriment, celles qui ne se laissent pas faire, les militantes, les politiques, les artistes, toutes les femmes qui sont exposées subissent du harcèlement sexuel, des insultes répétées. La polémique autour de la chanteuse Hoshi de la semaine écoulée montre, s'il en était encore besoin, combien les femmes restent des objets à vocation sexuelle pour bon nombre de mâles. Fabien Lecoeuvre, chroniqueur sur Europe 1 - écarté de l'antenne depuis - juge la jeune chanteuse "effrayante", bien qu'elle ait du talent. Il estime que seules les chanteuses au physique irréprochable devraient pouvoir chanter, qu'aucun gamin ne doit avoir envie d'un poster de Hoshi dans sa chambre. Alors, il n'y a pas d’obscénité dans les mots qu'il emploie mais très clairement, l’obscénité de ce qu'il pense est évidente : Hoshi ne le fait pas bander. La belle affaire ! Je ne sais pas vous, mais en ce qui me concerne, ce n'est pas ça qui m'empêchera de chanter encore "Ta marinière".
Je l'avais déjà écrit à propos de Clara Luciani (lire ici : Le physique de Bigflo et Oli, on en parle ?), mais cette manie de renvoyer constamment et inéluctablement les femmes à leur physique est renversante. Que ce soit pour en dire du bien ou pour en dire du mal d'ailleurs. C'est quand la dernière fois que vous avez entendu des commentaires sur le physique du chef de l'Etat ? Est-ce que quelqu'un a déjà dit devant vous que jamais ça ne lui viendrait à l'idée de coucher avec tel ou tel homme politique ? Est-ce qu'on évoque l'attrait physique des chanteurs, des présentateurs télé ou des hommes politiques ? Jamais. Est-ce qu'on s'en prend à eux pour les réseaux sociaux en envisageant de les violer ou en les traitant de prostitués ? Jamais.
Comment se fait-il que les discours entourant les femmes soient toujours emprunts de ces thématiques-là ? Quand se décidera-t-on à les attaquer sur le plan des idées et du talent, au lieu de les enfermer dans ce carcan sexuel ? Faut-il avoir une vision du monde bien étriquée pour se conduire ainsi ?
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