Comment ça se passe, les questions de fric, à la maison ?

En France, il y a  deux sujets que l'on évite autant que possible : on ne dit pas facilement pour qui on vote et on ne parle pas d'argent. L'argent, c'est tabou. Y compris au sein des familles. Y compris dans le couple. Qui finance quoi ? Qui paie quoi dans la vie quotidienne ? Qui gagne plus que l'autre ? Comment ça se passe, les questions de fric, à la maison ? Dans un podcast très intéressant sur Slate, "Rends l'argent", la journaliste et autrice Titiou Lecoq s'est penchée sur la question. A l'écoute des épisodes du podcast, on mesure combien ne pas se préoccuper de mettre au clair les questions financières sous prétexte qu'on s'aime, que c'est pour la vie et que donc ce serait mesquin et un peu sale de parler d'argent, est une grosse erreur. 

Faire compte commun et avoir uniquement un compte commun est une erreur mais avoir des comptes bancaires totalement séparés est aussi une erreur. L'idéal serait d'ouvrir un compte commun pour tout ce qui est commun et de garder son compte propre pour le reste. Par exemple, quand le couple contracte un prêt immobilier, il importe que les deux financent ce prêt, sans quoi, s'il devait y avoir séparation, l'un des deux serait lésé. Mais il n'y a pas que les prêts immobiliers dans la vie, le reste compte aussi : qui paie les factures d'électricité, d'eau ? Qui paie la cantine, le salaire de l'assistante maternelle ou les activités extrascolaires des enfants ? Qui finance les vacances ? Qui remplit le frigo ? Et si l'on décide de faire pot commun pour toutes les dépenses liées à la famille, comment le décide-t-on ? On fait 50/50 ou bien on abonde ce compte bancaire selon ses revenus pour que l'effort soit équitable et donc juste ?

 

De même, le podcast de Titiou Lecoq s'intéresse à la question des impôts. A partir du moment où vous êtes officiellement en couple, la déclaration d'impôts est commune. Impossible d'y échapper. Mais, dans un monde où les femmes gagnent encore généralement moins d'argent que les hommes, le fait de déclarer ensemble les revenus est surtout profitable à l'homme : il paiera moins d'impôts que lorsqu'il était célibataire. Que gagne la femme de son côté dans cette déclaration commune ? Réponse : rien. On comprend alors que si la femme peut depuis quelques dizaines d'années seulement avoir un compte bancaire à son nom, signer des chèques librement et avoir un emploi rémunéré sans autorisation préalable de son mari, tout n'a pas été pris en considération. Le mille-feuille administratif à la française comprend encore et toujours des étages qui fleurent bon le patriarcat.

Pour écouter le podcast de Titiou Lecoq, ça se passe ici : Rends l'argent

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