vendredi 31 juillet 2020

Le balai, le lave-linge, les hommes, tout ça...

Cet été, j'avais décidé de faire un peu de rattrapage et d'écouter tous les épisodes de podcast sur les sujets féminins que j'avais ratés ces derniers mois. Parmi mes podcasts préférés, figure en haut lieu "Les couilles sur la table", de la journaliste Victoire Tuaillon, sur Binge audio. Et du coup, j'ai failli rater cet épisode tout récent où l'invité était le très connu sociologue Jean-Claude Kaufmann, qui travaille depuis trente ans sur l'analyse du couple hétérosexuel. Ce type-là fait référence, on le trouve dans toutes les bibliothèques. Pourtant, ce qu'il raconte de la vie des couples, sa façon de voir la vie en commun, est assez hallucinante. On aurait pu s'attendre à une analyse fine, à une remise en cause du patriarcat et de la domination masculine. Mais pas du tout.

Lors de cet échange d'une heure avec Victoire Tuaillon, il prend au fond le parti des hommes. Il explique que l'homme a bien "enregistré les théories féministes", se sent coupable et est "plutôt pour le partage des tâches ménagères". Là où le bât blesse, selon lui, c'est dans la mise en œuvre de ce principe de partage des tâches. "L'homme n'est pas très motivé par le ménage", dit-il, comme si les femmes l'étaient... Alors, comme l'homme se sent coupable, "il va faire un petit effort et faire à sa manière. Quand il passe le balai, il va oublier les coins et ne va pas passer sous les meubles et puis c'est bien comme ça, on ne va pas se prendre la tête". Du point de vue du sociologue, si la femme "est extrêmement motivée pour le partage, elle doit se faire violence et accepter que le balai soit passé ainsi". Il ajoute, un tantinet méprisant : "est-ce que passer le balai dans les coins est un idéal de vie ?"



Autrement dit, "vite fait, mal fait", ça lui va bien à lui. Il considère même que dans le couple, c'est le plus agacé des deux qui va prendre en charge la tâche. Donc forcément, si c'est "vite fait, mal fait" par l'homme - ce qui peut être une stratégie, on ne va pas se mentir -, alors la femme va prendre en charge cette tâche. Si vraiment la femme veut que l'homme agisse, elle "doit se faire violence pour que ce ne soit pas fait à sa manière", faute de quoi l'homme sera en "position d'élève" car elle risque de passer son temps à lui dire que ce n'est pas comme ça qu'il faut faire. En d'autres termes, les femmes doivent baisser leur niveau d'exigence domestique, rien de moins.

De la même manière, explique Jean-Claude Kaufmann, s'agissant du linge, "les hommes ont un système de lavage efficace, ils mettent tout dans la machine, appuient sur 30° et ça sort propre". L'efficacité prévaudrait sur la qualité du travail effectué. Peu importe s'il reste des tâches sur les chemises, s'il y a des transferts de couleur d'un vêtement à l'autre... Il ajoute : "quand l'homme s'occupe du lave-linge, dans 40% des cas, sa femme va vérifier" et de son point de vue, elle est fautive d'agir ainsi. Pour lui, "pour aider les hommes à s'impliquer, il faut comprendre leur manière de faire et les aider", il faut ruser pour leur faire comprendre la manière de faire, sans, au fond, leur laisser penser qu'on leur donne une leçon de ménage. Ok. Donc non seulement, il faut leur apprendre à faire le ménage, mais il ne faut pas chercher à ce que ce soit bien fait et il faut suffisamment ruser pour qu'ils n'aient pas l'impression qu'on les traite comme un enfant qu'on éduque... Mais dans quel monde vit Jean-Claude Kaufmann ? C'est sûr que selon cette façon de voir la vie des couples, l'égalité face au partage des tâches ménagères prendra, comme il le suppose, plusieurs siècles...

Pour écouter cet épisode des Couilles sur la table, c'est par ici : Un gars, une fille : portrait du mâle en couple

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