mercredi 27 février 2019

Un enfant, si je veux, quand je veux

Depuis 50 ans, la vie des femmes a été bouleversée dans tous les domaines : elles ont obtenu de pouvoir recourir aux moyens de contraception pour choisir et limiter le nombre de leurs grossesses; elles sont de plus en plus diplômées et leur implication dans le marché du travail n'est plus à démontrer.

Tout cela mis bout à bout a nécessairement engendré de profondes mutations dans le rapport des femmes à la famille, chaque élément précédemment cité ayant des répercussions sur la démographie d'aujourd'hui, en tout cas dans les pays occidentaux. Aujourd'hui, selon l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), les femmes françaises ont leur premier enfant à 28 ans, soit 4 ans plus tard qu'à la fin des années 1960. L'explication est multiple : les femmes étant de brillantes étudiantes, elles intègrent le marché du travail plus tard qu'il y a 50 ans et sont prêtes à fonder une famille plus tardivement. De la même façon, elles sont généralement sous contraception depuis une dizaine d'années, ce qui décale leur propension à "tomber enceinte", en tout cas si elles ont recours à une pilule contraceptive. 

De plus, le taux de fécondité chute : en 2018, il est de 1,87 enfants par femme. La faute à la crise, à la prise de conscience collective de la surpopulation et la faute aux grossesses tardives. Forcément, plus on se décide tard à faire un enfant, plus on court le risque de mettre plus de temps à y parvenir. Comme on achève ses études tardivement, que l'on intègre le marché du travail à l'avenant et que, ayant fait des études, on a quelques ambitions de ne pas rester en bas de l'échelle, on a tendance à retarder, de plus en plus, le moment où l'on fera un enfant. L'ordre des priorités a bougé. Mais quand approche la quarantaine, il est plus compliqué d'être enceinte. Vous me direz : il y a 50 ans, il n'était pas rare que des quadragénaires soient enceintes. Oui, mais ce n'était pas leur première grossesse. Le nombre de premières grossesses tardives ne cesse d'augmenter en France et l'on recourt de plus en plus aux techniques de l'assistance médicale à la procréation (AMP). Selon l'Ined (Institut national des études démographiques)*, en 2018, 3,4% des enfants nés en France sont issus de fécondation in vitro (FIV) ou d'insémination artificielle (IA).

Parallèlement, on assiste aussi à une augmentation nette de la proportion de femmes sans enfants. Parce qu'elles ont décidé de ne pas avoir d'enfants du tout - ce serait le cas de 3 à 5% des femmes françaises - ou parce qu'elles ont découvert qu'elles étaient stériles. Sans surprise, l'Ined note que "le taux d'infécondité est le plus faible en général chez les femmes peu instruites et le plus élevé chez celles ayant un niveau d'études supérieures". Et de préciser : "les écarts d'infécondité entre les femmes très instruites et celles de niveau d'instruction moyen indiquent que pour les premières, la conciliation entre leur carrière professionnelle ou leurs ambitions intellectuelles et leur famille est toujours un défi". ** 14% des femmes françaises nées en 1968 n'ont pas eu d'enfants.



*Chiffre paru dans "Populations et sociétés" (bulletin mensuel d'informations de l'Ined), numéro 556, juin 2018.
** In "Populations et sociétés", numéro 540, janvier 2017.

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