lundi 3 septembre 2018

Aussi subtil qu'une main d'évêque sur le sein d'une chanteuse

Ces petits détails de sexisme du quotidien. Ces gestes inconvenants et phrases "innocentes" prononcées deci-delà. Ces trucs de gros lourdauds qui nous énervent...

Lors des funérailles d'Aretha Franklin, la semaine passée, la chanteuse Ariana Grande a subi les assauts d'un évêque qui s'est très clairement autorisé le droit de lui toucher les seins. Plus c'est gros, plus ça passe. A ce jour, la jeune femme n'a pas réagi. En tout cas pas publiquement. Certains le dénoncent : si elle, personnalité publique, ne dit rien, comment une femme ou une jeune fille du fin fonds d'une commune perdue pourrait le faire ? Qui pour l'entendre si les femmes de renommée internationale ne disent rien quand on leur pelote les seins face caméra ?

Si vous tendez l'oreille, si vous ouvrez les yeux autour de vous, vous ne pourrez que constater que les femmes subissent ces gestes, ou entendent des phrases déplacées au quotidien. Au cours des trois jours derniers, j'ai relevé deux anecdotes. C'est plus subtil qu'une main d'évêque sur le sein d'une chanteuse, mais quand même... :

- A la terrasse d'un café, deux hommes d'une cinquantaine d'années s'adressent ainsi à la serveuse qui leur tend leurs cafés : "merci mademoiselle, ou devrais-je dire madame". La jeune femme sourit mais ne répond rien, gênée, et poursuit son travail. Lorsqu'elle leur apporte la note, un moment plus tard, ils lui resservent le même couplet et l'un des deux finit par dire à l'autre : "on ne parviendra pas à savoir" (si elle est mariée ou non donc...). A leur première tentative de savoir, la serveuse était manifestement gênée, rougissante, pas à l'aise. Elle ne peut pas les rembarrer de façon ostensible, ils sont clients du café, elle doit être aimable. Elle préfère se taire. Eux, sûrs de leur bon droit, poursuivent leur drague lourdingue sans mesurer qu'ils la gênent. Ils ne l'ont pas agressée, c'est certain. Mais pourquoi continuer de la rendre mal à l'aise ? Ils ont bien vu qu'elle n'était pas réceptive. A l'instant où ils ont vu qu'elle était embarrassée, ils auraient du cesser toute remarque à propos de la vie privée de cette femme.

- Devant une école, un homme présente les professeurs. Lorsque voilà le tour d'une jeune enseignante au physique irréprochable, l'homme ne peut s'empêcher de dire : "j'ai le très grand plaisir d'accueillir XXX". Aucun des autres enseignants présentés n'a eu droit à cette formulation. Devant tous les élèves, devant tous les parents, la jeune femme se trouve ainsi comme montrée du doigt. Si les termes choisis n'étaient ni sexistes ni inconvenants, ils ne laissent pourtant aucun doute. Les autres enseignants étaient cantonnés à des présentations plus carrées : "pour la classe machin, madame Tartempion". L'enseignante ayant donné tant de plaisir à cet homme-là, parce qu'elle est jeune et belle, est dès le jour de la rentrée rangée dans cette case-là : celle des femmes jeunes et belles que l'on prend plaisir à présenter... WTF ?!

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