mercredi 21 mars 2018

Féminisme : qui retiendra-t-on ?

Alors que France 5 vient de diffuser un documentaire en deux volets de Mathilde Damoisel sur l'histoire du féminisme, je me pose cette question : quels sont les noms de féministes que l'on retiendra de ce début de 21è siècle ? Qui pour succéder aux incroyables et têtues Louise Weiss, Madeleine Pelletier, Berty Albrecht et autres Simone de Beauvoir, Simone Veil ou Monique Wittig ? C'est à ces femmes décidées que l'on doit le droit de vote, le droit à la contraception et à l'avortement. Elles ont su, chacune à leur manière, mobiliser, informer, expliquer, convaincre et emmener dans leur sillage des milliers de femmes.

Voir ou revoir ce documentaire :
1. Les pionnières (1789 / 1918)
2. Ne me libère pas, je m'en charge (1918/1981)

"C'est à la femme de décider si et quand elle veut être mère", écrivait entre deux guerres la médecin Madeleine Pelletier qui pratiquait, dans son cabinet, des avortements illégaux. Simone de Beauvoir expliquait quant à elle que l'instinct maternel n'existe pas et que l'émancipation des femmes ne peut se faire que par le travail. Quant à Marie-Andrée Weill-Hallé et Evelyne Sullerot, elles sont à l'origine du Planning familial et imposent dans l'opinion l'idée que les femmes ont le droit de maitriser leur fécondité. "Pourquoi est-ce que ce n'est pas obligatoire que l'on tienne compte de la moitié de la population ?" invoquait aussi Christine Delphy.

En 2018 probablement, les femmes prennent la parole plus aisément. Peut-être ont-elles moins besoin de porte-étendard qu'au siècle précédent. L'heure étant à la communication à outrance, il est plus facile pour les femmes, où qu'elles soient et  quel que soit le sujet, de s'exprimer. Mais si, au cours de l'année écoulée, nombreuses ont été les voix qui martelaient que les violences faites aux femmes devaient cesser, s'engouffrant tant et plus dans l'affaire Weinstein, où sont celles qui invoquent le droit des femmes à remplir des fonctions d'importance dans les entreprises, à gagner autant que leurs homologues masculins, à être à l'initiative ? Où sont celles qui battent le pavé ? Où sont celles qui remplissent les bancs de l'Assemblée nationale, investissent les mairies ? Où sont les ambitieuses, les militantes ? 

Les sujets sont encore nombreux qui valent la peine qu'on les investisse à bras le corps. Mais le silence est assourdissant. Et c'est en regardant ce documentaire de Mathilde Damoisel que l'on mesure à quel point depuis trente ans, les femmes sont devenues bien sages et consensuelles.



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