Un quartier d'affaires d'Ile-de-France. Une tour s'élançant vers le ciel, fourmillant de têtes pensantes des deux sexes et de tous âges. Un amphithéâtre plein. Il a fallu réserver sa place. "Les trentenaires ne veulent plus faire carrière", annonçait le programme diffusé par l'association de femmes de la multinationale. On s'attendait à un public exclusivement féminin. Surprise : un paquet d'hommes sont venus tendre l'oreille. Le sujet les intrigue manifestement tout autant qu'il nous évoque à nous, représentantes du "sexe faible", quelque chose de concret, de palpable. Comme un goût de déjà vu.
De but en blanc, la conférencière, Elena Fourès donne le ton : "Les femmes trentenaires sont fâchées avec la carrière et le pouvoir mais pas avec le leadership". Les femmes de la génération précédente ont beaucoup travaillé et sacrifié pour un certain nombre d'entre elles la candeur d'une vie familiale sereine sur l'autel de leurs ambitions professionnelles tout à coup libérées. Les trentenaires d'aujourd'hui ont peut-être elles-mêmes souffert de l'absence trop criante de leurs parents, quand elles étaient enfants. Peut-être. Mais surtout, assure Elena Fourès, spécialiste du développement des dirigeants, elles ont observé leurs mères se démener sur touts les fronts. Aujourd'hui, elles n'aspirent pas à avoir cette vie-là. Elles refusent de tout sacrifier. "Elles disent non. Elles ont la volonté d'inventer un autre modèle". Elena Fourès ajoute : "Le fait de dire non, c'est le marqueur et la preuve d'un leadership". Et de poursuivre : "Le leader qui domine est révolu. Place au leader qui inspire".
En d'autres termes, les femmes trentenaires d'aujourd'hui ne pensent pas leur vie en termes de série de marches qu'il convient de gravir coûte que coûte pour pouvoir prétendre avoir réussi. Non. ce qu'elles recherchent, c'est le plaisir au travail. Aussi commencent-elles à adapter leur job à elles et non l'inverse. Le pouvoir leur apparaît moins désirable. Elles préfèrent être moins haut dans la pyramide, moins près du soleil, mais se sentir bien.
"A 30 ans, analyse la conférencière, la femme réfléchit à ses priorités. Les hommes aussi mais ils ont moins la permission sociétale de l'exprimer". Ca viendra. Pour parvenir à organiser leurs priorités, avoir une carrière intéressante sans pour autant se fermer des portes parce que l'on aura dit non à un moment donné, la coach en développement conseille aux femmes de ne pas "penser leur vie en simultanéité mais en séquences". Ne pas postuler pour un job de folie si on a un projet bébé en cours. Et dans l'entreprise, savoir mener sa barque, même si l'on n'a pas d'appétence pour le pouvoir. "Il faut créer son propre projet à l'intérieur de l'entreprise, et apprendre à faire du marketing de soi en cultivant sa désirabilité et son attractivité professionnelle".
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