mardi 9 juin 2020

Insupportable fête des mères

C'était il y a deux jours. J'ai eu droit à un poème, à un joli dessin, à un tote-bag brodé, à des roses cueillies dans le jardin. Évidemment, c'est touchant, ça fait plaisir. Évidemment, c'est mignon de voir ces yeux qui pétillent, la fierté de ces enfants qui se sont donné du mal pour vous offrir quelque chose de personnel.
 
Mais plus va, et plus ça me dérange cette célébration des mères. Outre les offres commerciales autour des aspirateurs et autres fers à repasser, outre ce rappel historique de la politique familiale chère au maréchal Pétain où l'on célébrait ces femmes qui engendraient de la chair à canons pour plus tard, tout ce foin médiatique autour des mères est insupportable. A quoi bon les célébrer un jour, si c'est pour, dès le lendemain, faire fi de leur importance, les empêcher de s'épanouir professionnellement parce que bon, quand on est mère hein, on a moins de temps pour travailler efficacement ? C'est quoi cette hypocrisie consistant à louer les vertus des femmes en tant que mères si c'est pour mieux les écraser professionnellement ou humainement ? 





Pourquoi faire des cadeaux aux mères ? Elles n'ont que faire de ces cadeaux. Les mères d'aujourd'hui réclament plutôt une juste reconnaissance de leurs compétences, de leurs expériences, elles réclament une juste place dans la société, pas un bouquet de fleurs une fois par an. Elles réclament d'avancer à marche égale avec les hommes dans les entreprises. Elles réclament les promotions auxquelles elles ont droit, les promotions qu'elles méritent. Elles réclament une juste rémunération.


Et puis, célébrer les mères, c'est aussi cracher à la face de toutes les femmes qui voudraient des enfants mais ne peuvent en avoir et de toutes les femmes qui ont fait le choix de ne pas avoir d'enfants. C'est vrai quoi, que valent-elles ces femmes si elles n'ont même pas été fichues de faire des enfants ?

Au fond, célébrer les mères une journée par an, c'est un peu - toutes proportions gardées - comme applaudir les soignants à 20h, c'est joli dans l'instant, ça met du baume au cœur mais au bout du bout, ça sert à rien.

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