mardi 21 janvier 2020

"Le sang des femmes dérange"

Emeline vient de reprendre son travail. Cela faisait deux mois qu'elle était en arrêt. En cause : de violentes douleurs de règles, des contractions à n'en plus finir, des pertes de sang très abondantes. Emeline souffre d'endométriose. Sa maladie a été diagnostiquée il y a quelques années. Jusque-là, elle était "sous contrôle", Emeline parvenait à gérer cette souffrance tant bien que mal, ça n'empoisonnait pas "trop" sa vie au quotidien. Jusqu'à ce jour où, alors qu'elle était au travail, ça a tourné à l'hémorragie. Samu, hôpital.
Après une batterie d'examens, on lui annonce qu'on a bien identifié un petit fibrome utérin mais aucun médecin ne veut croire qu'il est à l'origine de cette crise aiguë.

Les douleurs et les saignements durent plusieurs semaines. Emeline se sent très faible. Elle dort beaucoup. On ne sait toujours pas lui expliquer ce qui lui est arrivé. Les examens n'ont rien donné. Un médecin finit par lui dire : "Vous saignez, c'est tout". On conclut à une manifestation exceptionnelle de son endométriose. On ne cherchera pas plus loin.



Emeline est agacée. Elle se sent seule face à ce qu'elle traverse, elle voudrait des réponses, à tout le moins des débuts d'explications. Elle s'emporte : "On ne laisserait pas des hommes dans une situation telle que celle-là. Depuis quelques années, on parle beaucoup plus de l'endométriose mais en fin de compte, qu'est-ce que ça a changé ? On embarrasse plus qu'autre chose, le sang des femmes dérange".

Au bout de ses deux mois d'arrêt de travail, alors qu'elle reste faible et a toujours des douleurs qu'elle juge anormales, Emeline a voulu reprendre le travail. Elle confie même limiter la prise d'anti-douleurs pour éviter de s'assoupir. Elle a besoin de passer à autre chose, de reprendre une vie aussi normale que possible, quitte à mettre un mouchoir sur ce qui vient de lui arriver... jusqu'à la prochaine crise ?

Lire aussi cet article publié sur le site des Inrocks : Endométriose au travail : "j'en avais ras-le-bol de me justifier"

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