vendredi 22 novembre 2019

Les chief happiness officers maquillent les bullshit jobs

Dans le monde du travail de 2019, on n'est pas à une contradiction près. Depuis quelques années, on utilise la terminologie de "bullshit jobs". Comprenez : "jobs à la con". Il s'agit d'emplois vides de sens, de boulots dont ceux qui le occupent doutent de l'intérêt véritable pour l'entreprise. Ces employés ont souvent des journées à rallonge, ils enchaînent les réunions, les briefs et les débriefs, transmettent des dossiers, des analyses, par exemple, et ne savent pas ce qui en découlera. Ils ont peu ou pas de retours sur ce qu'ils font, s'ennuient ferme... Bref, leur vie professionnelle n'est pas trépidante. 

Mais le monde du travail est ainsi fait qu'il se réinvente pour cacher ses imperfections. C'est ainsi qu'est né ce nouveau profil à la mode : les CHO, les "chief happiness officer". Comprenez "responsable du bonheur". En gros, si les gens s'emmerdent à leur poste, ne comprennent pas l'intérêt de ce qu'ils font, ne voient pas l'utilité de venir au bureau le matin, plutôt que de redonner du sens à leur emploi, de faire bouger les lignes pour les impliquer dans la chaîne de décision, les motiver, les responsabiliser, leur faire des retours sur ce qu'ils font - ce qui serait sain et utile à tous dans l'entreprise -, on décide de masquer tout cela sous une dose de "bonheur". Le CHO va proposer des moments de plaisir partagés entre collègues, des apéros ou autres. On masque la vacuité du boulot par du saupoudrage de convivialité. Ca sent le "fake" à plein nez !



A une époque où l'on n'a jamais autant parlé de quête de sens, de retour au plaisir vrai, de cette nécessité qu'ont beaucoup de trouver un intérêt à ce qu'ils font, de se sentir utile, le monde de l'entreprise adopte la posture inverse et propose des interactions factices entre ses salariés au travers des propositions des CHO, plutôt que de favoriser le travail en équipes et les échanges purement professionnels. L'entreprise ne donne pas du sens au travail, elle maquille la réalité. A quoi bon développer des journées de "team building" si, dans leur travail quotidien, les salariés ne sont pas amenés à travailler vraiment ensemble pour aboutir à quelque chose qui a du sens pour eux et pour l'entreprise ?

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