jeudi 20 juin 2019

PMA pour toutes, le sujet de l'été

A la rentrée prochaine, les députés auront à plancher sur l'ouverture de l'accès à la PMA aux femmes célibataires et homosexuelles. Depuis deux ans, le sujet a été réfléchi, il est passé sous les fourches caudines des experts en éthique, les politiques se sont forgés une idée, à l'instar d'Edouard Philippe qui a changé son fusil d'épaule sur la question ( lire ou relire ici : Extension de la PMA : "On peut y aller"). Le moment est venu d'avancer.

Le mois prochain, le conseil des ministres devrait adopter son projet de loi de bioéthique qui comportera la mesure relative à la PMA pour toutes. Ce texte sera ensuite soumis au Parlement fin septembre. Mais si le gouvernement semble en ordre de marche sur cette question, rien n'est certain s'agissant des parlementaires. Ainsi, alors que l'on assure qu'aucune consigne de vote ne sera donnée dans les rangs des députés, on entend aussi le président LREM de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, assurer sur France info : "La PMA pour toutes, c'est oui. La GPA, c'est non. Et on espère jamaisC'est en tout cas la position de la majorité". Circulez, y'a rien à voir, nous dit-il : les députés voteront ce texte comme un seul homme. Mais c'est sans compter avec Agnès Thill, cette députée de la majorité qui depuis que le sujet est ouvert à la discussion, rue dans les brancards pour s'y opposer vertement et souvent, sans y mettre les formes. Son outrecuidance devrait d'ailleurs lui valoir une exclusion de son parti. Elle est en effet convoquée le 25 juin prochain par la Commission des conflits de la République en marche. Si LREM assure qu'il n'y aura pas de consigne de vote, on sent quand même un brin de pression...



Des députés d'autres familles politiques affichent également leur opposition à la PMA pour toutes, à l'instar du républicain Jean Léonetti qui déclare, sur Europe 1 : "Ça ne me parait pas très sain de faire naître des enfants sans père". Et de poursuivre : "Expliquez-moi pourquoi on ne ferait pas des mères porteuses après, au nom de quoi ?"
Les enfants qui naissent sans père, depuis que le monde est monde, sont légion. On n'a pas attendu la PMA. Par ailleurs, la crainte des mères porteuses semble un fantasme. La PMA permet à des personnes ayant des difficultés à procréer à améliorer leurs chances d'avoir des enfants. Où serait la porte d'entrée vers la Gestation pour autrui (GPA), qui revient à marchandiser son corps, à porter l'enfant d'autrui ? Quel est le rapport ?
Je ne m'en prends pas particulièrement à Jean Léonetti car il n'est pas le seul à exprimer cette crainte-là, mais vraiment, faut-il avoir l'esprit torturé pour établir un lien si ténu entre les deux dispositifs ! Certains élus expliquent qu'au nom du principe d'égalité inscrit dans notre Constitution, si l'on permet par la loi à des femmes homosexuelles de recourir à la PMA, alors il faudra permettre aux hommes homosexuels d'avoir eux aussi un bébé, par le biais de la GPA du coup. 
Bon.
Mais si l'on poursuit dans les raisonnements "capillo-tractés", selon ce même principe d'égalité fixé par la Constitution, si les femmes hétérosexuelles en couple peuvent recourir à la PMA, pourquoi les femmes homosexuelles en couple s'en refuser l'accès ? De même, si les femmes célibataires n'ayant pas de problème de fécondité peuvent avoir un enfant sans que la loi n'y trouve rien à redire, pourquoi les femmes célibataires ayant des difficultés à procréer ne pourraient pas accéder à la PMA, elles ?

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