C'est le sujet de la rentrée : l'ouverture de l'accès à la procréation médicale assistée (PMA) pour les femmes seules et / ou homosexuelles va pouvoir être débattue au Parlement. Le comité national d'éthique a officialisé son avis favorable sur le sujet tandis que l'Ordre national des médecins a communiqué autour du fait que "l’extension de la PMA telle qu’elle est aujourd’hui proposée ne
trouve pas d’obstacle majeur face aux règles fondamentales de l’éthique
du médecin". Et d'ajouter : "L’Ordre (des médecins, ndlr) ne doit pas être une instance moralisatrice face à une
demande sociétale. Si la société veut une AMP élargie aux femmes seules
ou homosexuelles en couple, c’est à elle de trancher. L’Ordre ne peut
s’y opposer." En clair : au sein des cabinets médicaux, pas sûr que tous les praticiens voient cette ouverture du bon œil mais ils ne seront pas soutenus par l'Ordre des médecins s'ils refusent l'accès à la PMA à certaines de leurs patientes du fait de leurs convictions personnelles.
L'ouverture de la PMA à toutes les femmes était une promesse de campagne du candidat Macron, on s'en souvient. Mais pour rappel, un président de la République ne fait pas les lois. Il impulse potentiellement un débat, fera oeuvre de pédagogie et de conviction pour que les parlementaires de son camp aillent dans son sens. Néanmoins, si la majorité de l'Assemblée nationale lui est dévolue, ce n'est pas le cas du Sénat. Il serait donc plus que prématuré de penser que l'affaire est réglée, contrairement à ce que semble penser Marlène Schiappa qui déclarait encore hier sur BFM TV que "comme tous les engagements de campagne, il sera tenu". Elle préjuge de l'avenir.
Dessin Ignace |
Edouard Philippe lui-même reconnaissait sur France 2 hier soir qu'il y a un an encore, il était opposé à cette extension de l'accès à la PMA. Depuis, dit-il, il a lu sur le sujet, rencontré des gens travaillant sur le sujet et finalement changé son fusil d'épaule. "Je ne suis pas encore certain d'avoir un avis sur tous les sujets (...). Sur la PMA, j'ai longtemps été contre", admet-il. Aujourd'hui, sa conviction est faite et il se dit "à titre personnel, favorable à la PMA". "On peut y aller", estime-t-il, ajoutant que "c'est l'honneur de la France qu'à intervalles réguliers on se pose ces questions pour faire en sorte que la loi évolue".
Le débat parlementaire sera vraisemblablement semé d'embûches. La Manif pour tous est d'ores et déjà remontée sur le sujet et le premier ministre appelle chacun à "respecter les convictions de ceux qui ne sont pas d'accord avec nous". Il souhaite un débat qui ne soit pas caricatural et ne semble pas opposé à une prise en charge de la PMA par la Sécurité sociale.
En revanche, si l'on en vient à autoriser l'accès à la procréation médicalement assistée aux femmes homosexuelles, quid des hommes homosexuels ? Au nom de l'égalité entre les sexes, comment ne pas en venir à se poser la question de leur droit à avoir des enfants ? A ce stade, c'est non. Car, pour leur permettre cela, ce n'est plus de PMA qu'il s'agirait mais de GPA. Or, autoriser la gestation pour autrui reviendrait à officialiser la marchandisation du corps des femmes.
Lire aussi :
- La PMA est un sujet important... mais pas urgent
- Le droit des femmes à disposer de leur corps en débat
- "Est-ce un enfant ou un homme que je veux ?"
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire