La vie. Les enfants. La fatigue. Les inquiétudes les années passant. Le bonheur d'être parents en ayant choisi de le devenir mais quand même, la fatigue.
Il y a les nuits sans sommeil des premières années. Aline se lamente, des cernes sous les yeux : "trois nuits de suite qu'Ethan se réveille à 4h, sans raison, et ne se rendort qu'à 6h. A 6h30, sa sœur est déjà debout". Puis la journée qui commence. Cette maman qui écrit sur twitter ce matin qu'elle a du "traîner à la maternelle un lardon éructant de colère, hirsute,
couvert de larmes et de morve". Elle poursuit, avec un humour cynique : "Ma tension est à 25, je suis échevelée,
mon maquillage a coulé. Il est 9h11, la seule chose que je désire est un
cognac".
Après, les enfants grandissent, les colères et les chagrins se chassent les uns les autres. L'ambiance de l'époque aidant, il y a des crises à résoudre, comme dans ce collège où des élèves de 6ème ont créé un groupe de discussion sur Whatsapp qui, bon-enfant à l'origine, est devenu dur au fil des semaines, au point que des enfants ont craqué, raconté à leurs parents avoir été traité de "suce-bite", de "sale grosse pute"... Des parents ont pris les choses au sérieux, fait remonter l'info auprès des enseignants, de la direction de l'établissement. Les parents des enfants insultants ont été convoqués et pour certains, sont tombés de leur chaise en découvrant que leur enfant était capable de cruauté.
Petits enfants, petits soucis, dit l'adage.
Delphine tâtonne avec ses trois garçons. Le premier est en bac pro mais ne s'y plait pas du tout. Que faire pour lui ? Il n'a pas d'idée. Il ne passera vraisemblablement pas son bac cette année. Mais que fera-t-il en septembre prochain ? Ses deux frères sont dans la même incertitude. L'un sait qu'il va s'orienter dans une filière généraliste, sans idée d'avenir à ce stade, mais le second n'a pas les résultats scolaires suffisants pour s'en sortir s'il va dans un lycée général. Il irait bien dans une filière professionnelle, mais laquelle ? Avec l'exemple de son aîné qui s'est trompé de chemin, il stresse. Quoi faire ? Comment choisir ? Que dire encore de Sophie, qui a de bons résultats scolaires au lycée parce qu'elle travaille dur, s'acharne depuis des années, aidée par sa famille, mais qui a si peu confiance en elle, qui se sent mal dans son corps, les épaules rentrées, le sourire timide et craintif ?
Si encore nos enfants sont en bonne santé, les sujets d'inquiétude restent malgré tout limités. Mais parfois, alors que tout semblait bien aller, une pathologie physique ou mentale est diagnostiquée, plus ou moins facile à prendre en charge, plus ou moins rapide à traiter. Anaïs, chez qui on a diagnostiqué un diabète alors qu'elle était toute petite, traverse de crises qu'elle ne sent pas arriver. Un trouble neurologique a été décelé chez Line qui vient de fêter ses douze ans. Subitement, il y a donc à régler des situations dont on pensait jusqu'ici qu'elles n'arrivaient qu'aux autres, qu'on était au moins protégé de ça.
Etre parent, c'est aussi tout ça. Et on ne s'y prépare pas. On apprend sur le tas et on veille au mieux à ce que ces soucis de tous ordres n'empoisonnent pas la vie de nos enfants, tant bien que mal, en avançant à tâtons, en les protégeant. Du mieux que l'on peut. Et c'est déjà pas mal.
Lire aussi :
- Les enfants et la rate au court-bouillon
- Progéniture et carnet de notes
- Parents isolés : "nous ne sommes pas visibles"
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire