mardi 4 septembre 2018

Le féminisme en 2018, selon Marlène Schiappa

Comme de nombreux journalistes et personnalités travaillant sur le sujet, j'ai été invitée à participer à la première université d'été du féminisme, qui se tiendra dans quelques jours à Paris, organisée par le secrétariat d'Etat à l'égalité femmes-hommes. Marlène Schiappa nous a donc conviées à deux journées de réflexion et de débats. Ce qui piqua ma curiosité, de prime abord, c'était d'être invitée sans que l'on ne me fournisse le moindre programme. Je devais choisir quel(s) jour(s) j'assisterai aux débats, sans savoir à quoi j'allai assister. Avec plus de 15 ans de journalisme derrière moi, c'est bien la première fois que ça m'arrive. Forcément, je me suis inscrite à tout. A tout quoi, je ne savais pas, mais dans le doute, hein...

Une fois la date limite des inscriptions passée, nous avons donc eu droit à un programme détaillé. Une volée de bois vert a de suite été envoyée en direction du secrétariat d'Etat. Car, au menu de cette université d'été, outre les journalistes, artistes et autres juristes invités à s'exprimer, quelques personnalités font débat : Raphaël Enthoven, philosophe à la petite semaine (lire ou relire ici : Sara Forestier en lutte contre "l'injonction à être sexy" ) et Elisabeth Lévy, directrice de la rédaction de Causeur (magazine dont il était question ici : Sexisme ordinaire : le physique des femmes, toujours) vont à loisir pouvoir balancer tout le mal qu'ils pensent des femmes de 2018. Mieux, ils le feront devant un parterre de femmes. Comme l'écrit la réalisatrice Léa Domenach dans Libération, inviter Enthoven et Lévy, "c’est comme si le PS avait invité François Fillon et Laurent Wauquiez à intervenir à La Rochelle"



On a plusieurs façons de réagir :
- finalement renoncer à participer à ce simulacre d'expression féministe. Mais étant donné qu'on est inscrit, Marlène Schiappa pourra toujours montrer les chiffres d'inscriptions pour s'enorgueillir du succès de son initiative;
- y aller et assister peut-être à des jets de tomates en direction des invités peu féministo-compatibles. A défaut d'autre chose, ça peut être rigolo.

Après tout, d'autres intervenants dont les noms figurent au programme donnent envie qu'on les écoute, tels Brigitte Grésy (dont j'avais parlé ici : Marché du travail : peine et double-peine des femmes), Alma Guirao, fondatrice de Hands Away (lire ici : "La rue appartient à l'homme. La femme ne fait que passer"), ou encore Irene Natividad, présidente du Global Summit of women. Et puis les grands thèmes choisis peuvent donner lieu à des échanges intéressants : les droits des femmes, s'engager contre le sexisme, l'égalité au travail, les réseaux de femmes... Bon, là encore, si on cherche la petite bête, on peut s'étonner de la table-ronde "peut-on être féministe et conservatrice ?" ou encore "peut-on être féministe et mère au foyer?"... comme si le féminisme était soluble dans l'eau de vaisselle...


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