Depuis quelques mois, le sujet de l'écriture inclusive fait régulièrement débat. Aux origines de cette controverse, une agence de communication, "Mots-Clés" qui en janvier dernier, publie son manuel d'écriture inclusive au motif que cela fera progresser l'égalité femmes-hommes. Les féministes se réjouissent et peu à peu, l'on voit fleurir des textes au style capillotracté.
Au juste, l'écriture inclusive, qu'est-ce que c'est ?
Selon cette agence de com', cette méthode d'écriture comprend trois aspects fondamentaux. Il s'agit en tout premier lieu de féminiser les noms de métiers ou les fonctions. On parlera d'auteure et non de "femme auteur" ou de présidente et non de "madame le président". Jusque-là, on est plutôt dans une logique de bon sens et en ce qui me concerne, du plus loin qu'il m'en souvienne, je pense avoir toujours usé de cela.
Ensuite, le manuel recommande de ne plus mettre de majuscule "de prestige" à Hommes comme on le fait dans "les droits de l'Homme" par exemple et préférer l'expression "droits de la personne humaine", par exemple. Facile.
Enfin et c'est là que le débat prend une ampleur probablement pas suffisamment anticipée, l'agence de communication suggère de ne plus utiliser le masculin générique. On ne dira plus, par exemple :
"Les écoliers se mettent en rang deux par deux".
On dira :
"Les écolier·ère·s se mettent en rang deux par deux".
Ca pique un peu.
Par chance, la langue française est bien faite et surtout, hyper riche. Si bien que l'on cherchera plutôt à utiliser un vocabulaire épicène, c'est-à-dire à utiliser des termes dont la forme ne varie pas selon que le genre est féminin ou masculin. Ainsi, pour reprendre notre exemple, il vaudra mieux dire :
"Les élèves se mettent en rang deux par deux".
Que faire si l'on ajoute un adjectif ?
"Les écoliers disciplinés se mettent en rang deux par deux".
"Les écolier·ère·s discipliné·e·s se mettent en rang deux par deux".
La limite du vocabulaire épicène : l'adjectif choisi précédemment, lui, n'est pas épicène. On dira donc :
"Les élèves discipliné·e·s se mettent en rang deux par deux".
Ou on reconstruira sa phrase :
"Les élèves qui font preuve de discipline se mettent en rang deux par deux".
Le tour est joué et le sens de la phrase n'a pas varié. Pas sur cependant que faire appel à des propositions relatives allège le style des textes.
Tout cela pour en finir avec l'invisibilité du genre féminin... Et parce que la langue de Molière n'a pas prévu de genre neutre.
En 2017, on ne veut plus laisser penser aux enfants que "le masculin l'emporte toujours sur le féminin". Cela fait sens, la symbolique de cette phrase est beaucoup trop importante. Mais écrire avec ces "points milieu" ainsi qu'ils ont été nommés rend les textes bien désagréables à lire, force est de le reconnaître. A mon sens, cela nuit au combat initial et s'avèrera contre-productif. On entendra - et c'est déjà le cas - que les féministes sont vraiment chiantes (comme par hasard là, le masculin ne l'emporte pas : on n'imagine pas qu'il puisse y avoir des hommes parmi les féministes, on considère d'emblée que seules les femmes le sont).
Plutôt que de créer une telle usine à gaz, pourquoi ne pas juste faire preuve de bon sens et voir les choses avec pragmatisme ? Féminiser les métiers et les fonctions : facile. User d'un vocabulaire plus riche : tant mieux. Et surtout, préciser aux enfants que le masculin l'emporte sur le féminin, en grammaire uniquement, et que dans ce cas, il faut entendre l'usage du masculin plutôt comme un genre neutre. Pourquoi sous-estimer a priori l'intelligence des enfants sur ce sujet ?
Pour en savoir plus, c'est ici : www.ecriture-inclusive.fr
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire