mardi 10 mai 2022

Le monde d'avant #MeToo : les fantasmes masculins dans les colonnes de journaux

 "Merci à #MeToo d'être passé par là".
Ces mots sont ceux de Najat Vallaud-Belkacem, directrice générale de l'ONG One France. Elle les écrit après avoir exhumé de ses archives un article que lui avait consacré Nicolas Rey, dans les colonnes de Lui en 2013.

A l'époque, elle est en charge des Droits des femmes au gouvernement. Nicolas Rey est supposé faire le portrait de la jeune ministre mais au fond, le papier publié est plus l'expression de ce que lui "ressent" face à elle. Il évoque dès le chapeau un "fantasme (qui) vire à l'obsession". Il raconte qu'après s'être procuré le numéro de portable de la ministre, il lui envoie chaque matin un sms. Il écrit : "Najat est devenue mon obsession, ma Lolita, mon héroïne d'un Carnet noir de Gabriel Matzneff". Plus loin, il ajoute : "je suis insatiable. Je veux tout de Najat". Puis, "je veux nettoyer ses dents d'un trait de langue".

D'accord, Lui n'est pas un magazine politique, ni même un magazine de société. On se doute bien que la pensée politique des femmes dont il est question n'est pas fondamentalement le fond de commerce de cette publication. Mais l'article dont il est question ici est rangé dans la rubrique "portrait" du journal. On pourrait donc s'attendre à en savoir plus sur la ministre. Et pourtant, d'elle, on ne saura rien, si ce n'est qu'elle a fait Sciences-Po, qu'elle est mariée et qu'elle souffre d'un complexe d'imposture. La belle affaire.

En revanche, on a bien compris l'émoi qu'elle suscite chez Nicolas Rey. Et l'on apprend qu'un membre du cabinet de Najat Vallaud-Belkacem a du contacter le "journaliste" pour lui demander d'arrêter de harceler la ministre sur son téléphone portable. Nicolas Rey se vante d'avoir envoyé de nombreux messages à cette femme qui l'obsède. Manifestement, à aucun moment il ne s'est posé la question de savoir à quoi ça rimait et de quel droit il pouvait agir ainsi. L'idée d'importuner cette femme ne l'a semble-t-il même pas effleuré.

On peut espérer que #MeToo étant passé par là, comme le fait Najat Vallaud-Belkacem, Nicolas Rey ne se permet plus ce genre de comportements. Mais on peut aussi tout aussi bien supposer qu'un type ayant pour référence Gabriel Matzneff n'a pas tout à fait compris le monde dans lequel il évolue...

 


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