lundi 28 juin 2021

L'Etat et la société défaillants

Gueule de bois d'un lundi matin post-élections. Même pas rapport aux résultats, peu importe, c'est pas le sujet. Le sujet, c'est cette désagréable impression qu'au fond, il en va de cette période électorale que nous venons de traverser comme de tout. On se trompe de sujet, on est à côté de la plaque collectivement depuis des mois, on traite de vrais sujets avec de mauvaises solutions. C'est le foutoir. 

Des candidats ont fait campagne sur des thématiques qui ne sont pas du ressort des régions - au bac philo, ceux-là ont du faire hors sujet, c'est sûr !- ; d'autres - ou peut-être les mêmes -, ont considéré ces élections départementales et régionales comme s'il s'agissait d'un tour de chauffe pour les présidentielles ; les professions de foi n'ont pas été convenablement distribuées ; les communes ont du faire le forcing pour recruter leurs assesseurs ; des candidats ont passé un savon aux électeurs qui n'avaient pas été fichus de prendre un quart d'heure de leur précieux temps pour aller voter au premier tour - et ça n'a pas marché, ce savon, vu qu'ils n'y sont pas allés non plus hier... Un fiasco lamentable. Un échec de la démocratie. Un plantage royal.

Quand on entend des gens qui justifient le fait de n'être pas allés voter par cet argument délirant : "les élections départementales et régionales n'ont aucun impact sur ma vie quotidienne", on mesure l'ampleur du désastre. Au fond, une grande partie des électeurs ne sait pas à quoi servent les départements et les régions. Ils s'imaginent que tout doit se décider à la mairie ou à l'Élysée. Personne n'y comprend plus rien et tout le monde s'en fout. L’État est défaillant, la société est défaillante.

  La protection des femmes, plantage

Dans un tout autre registre, on s'emballe sur la libération de Valérie Bacot, violée, frappée et prostituée par son mari qu'elle a fini par tuer. Tout le monde est content, elle est libre. D'accord elle est libre et c'est tant mieux, mais elle est reconnue coupable, elle est condamnée à quatre ans de prison dont trois avec sursis - d'où le fait qu'elle soit sortie. Elle est victime et coupable et tout le monde est content. Comment peut-on porter de telles œillères et accepter le sort qui est fait à cette femme ? Personne n'a su la protéger. Elle comme les dizaines de femmes assassinées cette année sur le sol français par leur compagnon ou ex-compagnon. La réponse de l’État : distribuer 3000 téléphones "grave danger" et augmenter le nombre de bracelets anti-rapprochement. Quid de la pédagogie, de l'éducation ? Quid du civisme également ? Dans bien des cas, on sait ces femmes en danger. Qui bouge ? Qui protège ? L’État est défaillant, la société est défaillante.

  Les femmes dans le monde de l'entreprise

Désormais, les entreprises, en tout cas les grandes, doivent communiquer les écarts de salaire entre les femmes et les hommes qu'elles emploient. Objectif : améliorer la situation des femmes dans le monde de l'entreprise. On se congratule, on fait semblant. Et pourtant, parmi les 40 entreprises françaises qui composent le fameux CAC 40, combien ont hissé une femme à leur tête ? Une seule, Catherine MacGregor, qui se trouve à la tête du groupe Engie. Si l'on élargit le spectre et que l'on regarde les 120 plus grandes entreprises françaises, on ne trouve que dix femmes.

On en est donc toujours là. On fait de grands moulinets, de grandes campagnes de communication, on a eu droit à une grande cause du quinquennat consacrée à l’Égalité femmes-hommes et pourtant, rien ne bouge. Les écarts de salaire entre femmes et hommes demeurent. Là encore, l’État est défaillant, la société est défaillante.

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