lundi 31 mai 2021

Ode à la liberté, ode aux libertés

L'avantage des grandes villes, c'est qu'on y croise toutes sortes de gens. J'ai toujours pensé que la tolérance naissait de notre propension à nous nourrir de ces rencontres-là : cosmopolitisme, origines sociales, bagages culturels et religions diverses, métissage des corps et des esprits. 

J'ai passé mon dimanche à Paris, où la vie reprend ses droits peu à peu, après cette année mise entre parenthèses. Il faisait un temps magnifique, les gens étaient heureux. Ça sentait bon le café des terrasses, la barbe à papa vendue aux enfants dans les coins touristiques. Et puis il y avait du monde - raisonnablement - dans les rues et les jardins publics. La température estivale aidant, tous les styles vestimentaires étaient représentés : du jean au short en passant par de très longues robes ou au contraire des jupes très très courtes dévoilant de longues jambes féminines. Et l'allégresse de constater que harcèlement de rue ou pas, violences sexistes ou pas, les femmes continuent de s'habiller comme elles l'entendent. Et n'hésitent pas, en jupe courte, à grimper sur un vélib' ou une trottinette, la jupe au vent. Bonheur ! Et tant pis pour les gros lourds qui ne maîtrisent pas leur braguette. La liberté de ces femmes-là est sans limites, n'en déplaise aux esprits étriqués du patriarcat. Certaines ont sorti les bikinis et se font bronzer aux pieds de la tour Eiffel. Leur corps, elles en font ce qu'elles veulent. Et si leur choix est de le montrer, elles assument.

Chéri Samba - "L'espoir fait vivre" *

Et puis, outre la liberté des corps, il y a aussi la liberté tout court. Dans les rues de la capitale, on entend parler dans toutes les langues du monde, on croise toutes les couleurs de peaux, toutes les allures, toutes les identités, toutes les passions. Dans le désordre et sans aucune exhaustivité, j'ai pu croiser un jeune homme arborant un tee-shirt où l'on lisait "apérophile", un autre jeune homme portant une kippa, une jeune femme vêtue d'un sari, un jeune homme avec un tote-bag aux couleurs du drapeau gay, des personnes vêtues aux couleurs de l'Afrique, une femme écoutant de la variété italienne à fort volume... Paris, comme toutes les grandes villes, est un festival de cosmopolitisme, festival d'expression des libertés, de créativité, d'identités. Il suffit de marcher dans ses rues pour comprendre que la mixité, le partage sont les clés de l'acceptation des différences, de la tolérance. Au fond, aussi naïf que cela puisse paraître, c'est peut-être là que réside la clé de l'égalité, quels que soient le sexe, le genre, la couleur de peau, la profession, le niveau d'études et de richesse. Regarder l'autre, le découvrir, le laisser vivre à sa guise, selon ses choix et ses croyances. Coexister sans souci de compétition, sans hiérarchie, sans jalousie, sans envie de posséder ou d'asservir. La liberté des corps et des esprits, la liberté des idées, la liberté de les exprimer ou de les taire...

* Chéri Samba est un artiste congolais dont certaines œuvres sont présentées dans le cadre de l'exposition "Ex Africa" du musée du quai Branly, prolongée jusqu'au 11 juillet 2021.

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