lundi 15 mars 2021

Que sont les nuances devenues ?

Avez-vous le sentiment, comme moi, que les sentiments des uns et des autres sont devenus excessifs ? Que plus personne n'est neutre ou sans avis sur rien, mais que chacun peut désormais passer du rire aux larmes, chacun peut avoir des prises de position, des états d'âme très - trop ? - expressifs ? C'est comme s'il n'y avait au fond plus tellement de place pour les nuances, ou plus d'acceptation de ces nuances. Comme s'il convenait de trancher entre le noir et le blanc mais de ne plus accepter les niveaux de gris.

Autour de vous, vous constaterez des prises de bec sur des sujets futiles, des détresses incroyables de personnes souffrant de l'isolement, des fous rires intenses, des colères sonores... 

Personnage de la tristesse, dans le film Disney Vice versa
 

En écrivant cela, je pense à cette personne hyper anxieuse s'agissant du covid qui, sans le mesurer, diffuse sa peur autour d'elle et stresse son entourage. Je pense à cet homme qui exprimait il y a peu son besoin de parler avec quelqu'un sur les réseaux sociaux et a attiré des moqueries non dissimulées de la part de gens qui se fichaient totalement de cette personne en détresse. Je pense à ces colères d'enfants qui ont du mal à tempérer leurs réactions.

Et puis, à l'inverse, je remarque cette tendance à des interprétations exagérées, quand par exemple vous exprimez un point de vue en adoptant une posture nuancée mais que l'on vous répond que vous êtes en colère. Comme s'il suffisait d'être en désaccord avec quelqu'un pour être en colère. Comme si tout devait être de nature à vous mettre en opposition. Comme si nous devions systématiquement être dans la confrontation, au lieu d'être dans l'échange d'idées.

La colère, dans Vice versa
 

Est-ce que cela a à voir avec cette crise sanitaire qui n'en finit pas et a amené chacun de nous à développer une certaine méfiance à l'égard des autres ? Ou est-ce en lien avec notre époque où, par exemple, les plateaux télé regorgent de gens aux positions extrêmes - voire extrémistes - qui ne conçoivent l'expression d'idées qu'à l'aune du buzz qui sera généré par leur discours ? Ne peut-on débattre, échanger, communiquer, autrement que via une confrontation constante ?

Je me souviens, adolescente, voir des images d'archives des émissions de Michel Polac et avoir du mal à comprendre pourquoi le ton des invités était souvent si violent, véhément, le verbe haut. Je ne voyais pas l'intérêt qu'il y avait pour ces personnalités de s'écharper face caméra, de ne pas chercher à échanger en respectant le point de vue de l'autre. Cette époque me semblait définitivement révolue, d'un autre temps. Et voilà, semble-t-il, qu'on y revient. Plus seulement sur les plateaux télé, mais aussi dans la vie de tous les jours. Que s'est-il donc passé ?

 

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