Jusqu'au printemps dernier, tout allait bien dans la vie d’Éloïse. Elle était parvenue à réorienter sa vie professionnelle pour qu'elle lui convienne mieux, elle filait le parfait amour avec son second mari et continuait d'avoir une relation complice avec son fils. Mais voilà qu'une histoire de pangolin allait tout changer dans le monde entier et singulièrement, dans la vie d’Éloïse. La crise sanitaire allait révolutionner, au moins temporairement, notre vie à tous. Et ce fut le cas d’Éloïse. Confinement oblige, son fils, son mari et elle sont restés 24h/24 sous le même toit, chacun rivé, la plupart du temps, sur son écran d'ordinateur. Si bien que, à l'heure du déjeuner, "personne pour se lever autre que moi et penser à remplir les panses de ces mâles", décrit-elle, amère. Elle réalise alors qu'elle est "à leur service". Car, bien entendu, ce qui vaut pour les repas vaut pour toutes les corvées de la maison, le linge, le ménage, etc.
Crédit : Emma, "Il suffira d'une crise"
Et puis, si elle connaissait bien la nature casanière de son amoureux, Éloïse n'avait jamais eu l'occasion de mesurer avant combien cela jurait avec sa propre nature hyper-sociable. Quand lui était à l'aise avec l'idée même du confinement, elle tournait en rond comme un lion en cage de ne pouvoir sortir à sa guise, pour rencontrer des gens, échanger, partager. "Nos traits de caractères étaient exacerbés, tout ce qui nous ennuyait chez l'un ou l'autre mais pour lequel l'extérieur faisait office de soupape de sécurité, nous explosait là, à la figure", réalise-t-elle. Quand Éloïse s'inquiète de l'ampleur de la crise sanitaire, son mari, lui, "ne regardait que son nombril". Et de comprendre : "Je pensais avoir épousé un chevalier, au final c'est un épicier. Alors c'est sûr, un épicier c'est utile, ça a des qualités pour le quotidien mais en temps de crise, c'est pas pareil". Éloïse est déçue de ce qu'elle découvre, il ne voit pas où le problème. Les semaines passent et enfin, arrive le déconfinement. L'été servira à recharger les batteries, à restaurer la sérénité du couple, à travailler à se comprendre l'un l'autre. "Sincèrement, précise-t-elle, j'avais honte de son comportement, de ses réflexions. Il me disait "m'en fous, nous d'abord". Je répondais : "pas question". C'est plus important que nous ce qui se passe. Je pense que les vrais caractères des gens se révèlent en temps de crise".
Alors quand est venu le second confinement, Éloïse a pris peur. Par chance, si elle télétravaille à nouveau, lui fait partie de ceux qui continuent de se rendre quotidiennement sur leur lieu de travail cette fois-ci. Éloïse souffle : "comme il est au boulot, ça se passe mieux. Mais on n'en parle pas trop. Je suis lasse de ne pas arriver à me faire comprendre. Alors disons qu'on n'est pas sortis de cette mini crise tous les deux, et que ce qui se passe à l'extérieur n'aide pas. On préserve l'équilibre de notre foyer pour l'instant. Ça me paraît le plus important".
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