mercredi 17 janvier 2018

Vie de bureau : le règne de l'horloge et les moutons

Le monde du travail a ses codes. On n'arrive pas à n'importe quelle heure, on ne repart pas à n'importe quelle heure non plus. Souvent, il y a même des codes autour de la machine à café ou pour la cantine. Comme des moutons, nous nous trouverons au même moment dans les cages d'escaliers ou devant les portes des ascenseurs. La charge de travail n'a au fond que peu d'impact sur ces codes-là.

Si cette réalité est appelée à évoluer et a d'ailleurs déjà entamé sa mutation avec le développement du télétravail notamment, pour ceux qui viennent au bureau, l'horloge demeure un élément-clé de l'organisation quotidienne. Le présentéisme est de rigueur. Comme des moutons, la majorité des salariés se plie à ces codes, sans souvent même y penser, par simple réflexe. C'est comme ça.

Par habitude et sous couvert de taquinerie complice entre collègues, on dira à un salarié arrivant au bureau un peu tardivement : "tu as eu une panne de réveil ?" ou on demandera à celui qui part plus tôt que d'habitude s'il a pris son après-midi. On ne demandera en revanche pas à celui qui est parti tard un soir et arrivé tôt le lendemain s'il a passé sa nuit au bureau.

Certains s'interrogent toutefois sur ces règles tacites. Y compris parmi les professionnels des ressources humaines. C'est le cas de Bruno Wierzbicki. Il y a quelques jours, cet ancien pilote de chasse et actuel directeur des RH dans une entreprise privée écrivait ceci : "Quelqu’un m’a dit que ça ne se faisait pas de partir à 17h. Non, même quand on a terminé son job, et même si, la veille, on a travaillé très tard". Selon lui, ce code est cependant à géométrie variable, selon votre poste, votre âge, votre genre. "Un jeune nouvellement arrivé et qui souhaite faire carrière doit faire acte de présence. Ben oui ! Le cadre ancien, parce qu’il est ancien, peut partir moins tard. Pour les femmes, il est toléré qu’elles quittent plus tôt, rapport aux enfants dont elles s’occupent et dont leurs maris ne s’occupent pas..." Sarcastique, il ajoute encore : "Il devrait être quand même bien clair qu’un N+1 ne doit pas partir avant un de ses N. Surtout pas !"

Dans un pays qui s'écharpe toujours sur la réforme des 35 heures, quinze ans après sa mise en application, chacun reste arc-bouté, consciemment ou non, sur la nécessaire présence sur le lieu de travail plutôt que sur la qualité effective du travail réalisé. Faut-il rappeler que dans certains pays, les salariés qui restent tard au bureau sont estimés être ceux qui ne savent pas gérer leur temps et/ou se noient dans leurs dossiers ?

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