"Les petits garçons ne pleurent pas". Cette phrase, nous l'avons tous entendue. Peut-être même qu'on l'a nous-mêmes prononcée. C'est vrai quoi, un individu de sexe masculin ne pleure pas, c'est bien connu.
A l'inverse, forcément les filles, ça pleure ! Ça chouine. Ça chiale.
Forcément.
Depuis 24h, je ressasse cette évidence. Parce qu'il y a 24h, est arrivé cet insupportable événement à la Préfecture de police de Paris. Dans les heures qui ont suivi, partout dans les médias, les récits convergeaient : un témoin décrivait des "policières en pleurs". Des policières. Pas des policiers. Les hommes, eux, ne pleurent pas. Ils gardent leurs nerfs. Ils maîtrisent leurs émotions. Ils ne montrent pas leur chagrin, leur colère, leur traumatisme. Ils taisent tout cela. Ils savent faire. Ce sont des hommes. Des vrais.
Les femmes, toutes policières qu'elles soient, ne savent pas maîtriser leurs émotions. Nécessairement, face à l’innommable, leurs collègues assassinés, elles craquent, elles pleurent.
Face à une tragédie telle que celle survenue hier, il est logique que l'on ait vu des policières pleurer. Et il est donc logique que l'on ait fait passer le message dans tous les médias. C'est parlant comme idée, comme image, une policière en pleurs. Un policier en pleurs, on n'y croit. Ce n'est pas crédible. Ça ne peut pas arriver, pensez donc ! Alors, on vous martèle bien le message, pour être sûr que vous ayez pris la mesure de l'émotion : des policières étaient en pleurs. Ça, c'est convaincant ! On n'a pas une seule image de cela, pas une photo, pas une vidéo ne circule sur vos moteurs de recherche préférés attestant la véracité de la chose. Mais un témoin - un homme, comme par hasard - dit avoir vu des policières pleurer. Curieusement, ce témoignage se retrouve dans tous les médias. C'est le même homme qui s'exprime partout. A croire qu'il n'y avait personne d'autre à la Préfecture susceptible de décrire ce qu'il avait vu. On se contentera de celui-là et de cette image fabuleuse : des policières étaient en pleurs. Une image vaut mieux qu'un long discours : imaginez-les ces femmes armées, peut-être en uniforme de la police, en larmes. Cela suffit. Vous mesurez la tragédie de l’événement. Vous touchez du doigt l'émotion ressentie dans l'enceinte de la Préfecture. Vous y êtes. C'est du grand art, un storytelling parfaitement maîtrisé.
Mais peut-être bien que des policiers bien virils, musclés, puissants, pleuraient aussi. Ça, l'histoire racontée depuis 24h ne le précise pas...
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