Si proche et pourtant si éloigné de nous... Que diriez-vous de la Suisse? Et des gens qui y vivent ? A priori, vu d'ici, la Suisse, c'est ce pays où l'argent coule à flots, où les banques et les entreprises d'horlogerie sont partout, où les gens vivent dans la sérénité et la tranquillité. Et pourtant ! La Suisse, c'est ce petit pays où, si le principe d'égalité entre les hommes et les femmes a été inscrit dans la Constitution en 1991, un nombre incroyable de droits n'ont été accordés aux femmes que très tardivement. Ainsi, le congé maternité n'a été créé qu'en 2005, le droit à l'avortement date de 2002. Le droit de vote au niveau fédéral n'a été accordé qu'en 1971 aux femmes... De quoi donner aux jeunes suisses l'impression d'être nés dans un pays archaïque.
Le 14 juin 1991, plus de 500.000 femmes suisses s'étaient mobilisées et avaient manifesté leur ras-le-bol, excédés que persistent notamment 30% d'écart salarial entre elles et les hommes. Ce sont alors les syndicats qui partent au front sur ce sujet et les femmes ne lâchent pas le morceau. Elles défilent, en couleurs, et réclament une meilleure reconnaissance, de meilleurs salaires. Ce fut un mouvement inattendu, incroyable, jugé transgressif dans un pays où les mouvements syndicaux sont rarissimes. L'idée qu'en Suisse, on ne fait pas la grève, a volé en éclats en 1991.
Dans les années qui suivirent, les sujets "féministes" étaient écoutés, on faisait mine de vouloir améliorer les choses. Mais finalement, hormis l'inscription dans la Constitution du principe de l'égalité des sexes, rien n'a vraiment changé. Si bien que ce vendredi 14 juin 2019, les femmes remettent le couvert, bien décidées à ce que cela change. Cela fait des mois qu'elles s'y préparent, qu'elles ont couché sur le papier leurs revendications. Elles dénoncent le sexisme, les stéréotypes, les discriminations, les violences physiques et psychologiques. Elles réclament une amélioration suffisante de leurs rémunérations, revendiquent la fin des inégalités salariales. Elles militent pour que le travail domestique, éducatif et de soins, ainsi que la charge mentale soient partagés. Dans un pays où la durée de travail hebdomadaire est supérieure à 42h, elles demandent une diminution de ce volume horaire. Elles plaident aussi pour le respect de leur liberté de choix s'agissant de leur corps, de leur sexualité et exigent une meilleure prise en charge des femmes victimes de violence. Elles ont réfléchi tous azimuts, ont balayé chaque champ de réflexion, chaque thématique où elles estiment que les choses doivent bouger.
Pour en savoir plus sur ce mouvement, vous pouvez lire l'intégralité de leur argumentaire, accessible ici . Vous pouvez aussi aller écouter les trois épisodes du podcast Programme B, diffusé sur Binge audio cette semaine.
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