Mettre au monde un enfant est "la décision la plus bouleversante qu'un être humain est amené à prendre dans sa vie". C'est pas moi qui le dit, mais Elisabeth Badinter, dans son ouvrage Le conflit.
Mais quelles sont les raisons qui poussent à prendre cette décision ? Pourquoi décide-t-on de faire un enfant ? A l'instant T de la prise de décision, quel est l'argument qui l'emporte ?
1. L'horloge biologique tourne : c'est maintenant ou sans doute jamais.
2. La pression sociale : tous les couples d'amis sont -déjà - parents, mamie demande chaque fois qu'elle nous voit quand on se décidera à faire un enfant.
3. Faisons un enfant comme une consécration de notre amour.
4. Dame Nature nous a conçus ainsi : c'est normal de faire un enfant.
5. Nous allons perpétuer notre nom, notre famille, notre histoire.
6. Dieu attend de nous que nous ayons des enfants.
7. ...
Est-ce que les arguments qui prévalent à la décision de faire un premier enfant sont toujours les mêmes pour l'enfant suivant, quand il y a lieu ? Se pose-t-on simplement ces questions, en tant que futurs parents ? Rien n'est moins sûr. Pour Elisabeth Badinter d'ailleurs, "il faut bien avouer que la plupart des parents ne savent pas pourquoi ils font un enfant".
En revanche, que vous choisissiez de devenir parents ou non, vous aurez à répondre aux questions venant de l'extérieur. La convention sociale voudrait aujourd'hui que madame ait son premier enfant entre 29 et 30, qu'elle ait un second enfant dans les 3 ans qui suivent et que le papa soit aussi présent que possible. C'est la norme du moment. Si vous y dérogez, consciemment ou non, vous vous exposez aux questions d'un jury populaire.
Dans Comment éviter de se fâcher avec la terre entière en devenant parents, Béatrice Kammerer et Amandine Johais s'attardent sur cette question des pressions sociales. Elles écrivent : "Combien de fois une femme qui a eu des enfants plus tôt / tard que la moyenne sera-t-elle sommée de s'expliquer sur son projet d'enfant, sur ses motivations, sur ses capacités à être une bonne mère ? Combien de fois une mère de famille nombreuse devra répondre à l'exclamation du badaud : "ils sont tous à vous ?" Combien de fois une mère d'un enfant porteur de trisomie 21 se verra demander si elle "le savait" avant la naissance ? Combien de fois une mère d'enfants ayant un écart d'âge plus important que la moyenne sera présumée les avoir conçus avec des pères différents ? Combien de fois une mère d'enfant unique devra expliquer sa décision, jusqu'à parfois exposer à de parfaits inconnus les détails de ses capacités reproductrices ?"
Elles évoquent aussi les femmes montrées du doigt parce qu'elles ont eu recours à une interruption volontaire de grossesse (IVG) alors qu'elles étaient en couple stable; celles qui souffrent d'infertilité et à qui l'on rétorque "c'est dans votre tête"... Que dire alors des femmes qui ont décidé de ne pas avoir d'enfant, pour des raisons qui leur appartiennent, ne cédant pas aux sirènes de la pression sociale et que l'on juge égoïste d'avoir fait ce choix ?
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