mercredi 18 octobre 2017

#balancetonporc : ce que les femmes ont à subir

Les prises de parole se poursuivent. #balancetonporc continue de faire carton plein. De même que #metoo, ce hashtag sous lequel se retrouvent toutes les femmes qui, à un moment donné de leur vie, ont eu affaire à un gros dégueulasse incapable de contrôler ses pulsions. Les femmes qui ont la possibilité de parler publiquement, le font haut et fort pour toutes les autres, pour toutes celles que l'on n'écoute pas ou que l'on entend pas.

Ainsi, dans l'émission C à vous, sur France 5, Anne Elisabeth Lemoine recevait ce lundi Colombe Schneck - dont il était déjà question dans ce post - et Virginie de Clausade dont, en ce qui me concerne, je n'avais jamais entendu parler avant mais dont le franc-parler fait mouche. Il y a une période dans la vie des femmes que Virginie de Clausade appelle "le carrefour des connards". Par "connards", elle entend "les vieux relents de pédophile", les pervers, les exhibitionnistes... Elle explicite : "Entre 13 et 25 ans, tous ceux qui passent, ils sont pour vous". Après cela, ça se tasse un peu et surtout, passé ce cap, les femmes ont mieux compris à quoi s'en tenir.

Comme le dit Colombe Schneck, on ne se rend même plus compte, en tant que femmes, de notre conditionnement. On s'habitue. On fait attention, on peut se montrer désagréable, froide, pour marquer notre non-consentement. On met de la distance, constamment, dans la rue, dans les transports en commun, au travail. Ne surtout jamais laisser penser au mâle qu'il y a une possibilité. Selon elle, parce que les femmes ne sont pas dans une situation de pouvoir, elles doivent en permanence "négocier leur place", "se soumettre un peu", "jouer un jeu". Une aberration, quand on y pense.



Pour Virginie de Clausade, le propos n'est pas de dénoncer untel ou untel nommément mais de travailler à une prise de conscience collective. Dans Paris Match  cette semaine, elle publie une lettre ouverte où elle dit : " Je ne suis pas traumatisée, je suis fatiguée. Je suis en colère. J’en ai ma claque d’avoir la responsabilité d’un désir que je n’ai pas convoqué." Plus loin : "Je ne veux plus avoir à gérer les débordements des hommes qui ne savent pas maitriser leur braguette (...). Je ne souhaite pas que les petites filles qu’élèvent mes amies développent les mêmes stratégies de survie que nous avons toutes apprises, un jour, à nos dépends. Je ne souhaite pas laisser à une nouvelle génération le soin de gérer les assauts des mâles avant même d’avoir roulé leur première pelle". Et de conclure : "L’heure est venue. Syndiquons-nous les unes aux autres. Devenons une corporation, celle des femelles.
#FemaleCorp"

Je refuse que mes filles aient à vivre ce que j'ai ou d'autres ont pu vivre. Et je ne veux pas que mon fils risque de devenir l'un de ces agresseurs. Ou soit le témoin muet de ce genre de choses.

Comme toutes les femmes, si j'y réfléchis, je peux établir ma petite liste personnelle de ces abus masculins :
- Je me souviens de ce moniteur de colonie de vacances, il y a une trentaine d'années, qui aimait un peu trop la compagnie des petites filles au point de les suivre aux toilettes ;
- Je me souviens de ces remarques d'hommes à destination de ma mère ou d'autres femmes, quand j'étais enfant ; 
- Je me souviens de ce propriétaire de ma chambre d'étudiante qui ne louait ses chambres qu'à des filles, faisait des avances à chacune d'entre nous et auquel j'avais répondu avec une mine de dégoût : "quelle horreur, j'aurais trop l'impression de coucher avec un copain de mon père" ;
- Je me souviens de ce commercial avec qui je bossais en binome et qui, chaque fois qu'il était de passage à Paris, voulait que je l'héberge pour qu'on fasse plus ample connaissance. J'avais à peine 20 ans, lui plus de 50 ans ;
- Je me souviens de ce type venu s'asseoir à côté de moi, dans une rame vide de métro pour se masturber l'air de rien ;
- ...
- Je me souviens...

#balancetonporc #metoo #FemaleCorp

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