lundi 24 juillet 2017

Témoignage : "Tu es aux 4/5, tu as un avantage sur les autres"

Christine travaille pour une chambre de commerce au Royaume-Uni, chargée du sujet des inégalités entre les femmes et les hommes dans le monde du travail. Entre autres missions, elle organise des évènements chaque année où elle met en lumière la trajectoire de femmes "inspirantes" comme on dit. Chef d'une équipe, elle est salariée aux 4/5. Son jour "off" est le jeudi.

Au mois de juin dernier, alors que son mari est en déplacement, sa petite fille de presque 3 ans attrappe la varicelle et se voit exclue pour quelques jours de la crêche. N'ayant pas de famille dans le secteur qui puisse s'occuper de la petite, Christine demande exceptionnellement à changer son jour "off" pour s'occuper de sa fille et trouver une solution de garde pour les prochains jours. Refus de sa supérieure qui justifie sa décision ainsi : "tu es déjà aux 4/5 donc tu as un avantage sur les autres femmes du bureau. Je ne peux pas te donner l'avantage supérieur de changer le jour où tu seras "off" comme bon te semble"

Christine demande alors à pouvoir travailler de la maison. Elle n'a pas de réunion prévue à l'agenda et son ordinateur personnel de la maison est connecté à l'intranet professionnel. Là encore, refus de sa supérieure. Autre essai : Christine propose de prendre quelques jours "off", non payés. Autre refus. Dernière tentative, légèrement ironique : "Dans ce cas, j'emmène ma fille au bureau et elle sèmera ses germes partout". Fin de non-recevoir. Excédée, Christine finit par s'emporter : "Je n'ai pas le choix. Que tu le veuilles ou non, demain je serai chez moi".

Un mois et demi plus tard, Christine n'a toujours pas repris le travail. Elle a fait appel à un avocat et entend ne pas se laisser faire : "C'est une totale hypocrisie. Mon job consiste à faire en sorte que la place des femmes évolue dans les entreprises, qu'elles puissent s'y épanouir. La qualité de mon travail n'est pas mise en cause, ne l'a jamais été. Je suis aux 4/5 mais je multiplie les heures supplémentaires sans compter et sans me plaindre. Mais quand j'ai besoin, exceptionnellement, de rester chez moi parce que ma fille est malade, pas pour aller faire les soldes, on refuse sans aucune raison valable. On marche sur la tête"

Dos au mur, conscients de leur erreur, ses supérieurs ont proposé à Christine une médiation... qu'elle a refusée. "Comment leur ferais-je confiance maintenant ? Je ne veux plus travailler pour ces gens-là", lâche-t-elle, amère. Mais elle n'a pas l'intention de démissionner non plus, car cela équivaudrait à laisser penser qu'elle est fautive, ce qui n'est pas le cas. Elle se bat donc pour que soit mis fin à son contrat de façon acceptable.


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