On n'en est pas à la première histoire de conflits d'intérêt entre journaliste et politique. Elle n'est pas la première journaliste mariée à un homme politique. Avant elle, il y en eut bien d'autres, de Christine Ockrent à Léa Salamé, en passant par Béatrice Schönberg, Anne Sinclair ou encore Audrey Pulvar. Toutes se sont vues reprocher, à un moment donné, d'être la femme d'un homme politique. Toutes ont subi des critiques pour cela, parce qu'elles restaient en place - comme Christine Ockrent - ou parce qu'elles décidaient au contraire de se mettre en retrait des medias pour quelques temps, comme Léa Salamé (lire ou relire Du mésusage du terme féminisme).
Cette semaine, c'est donc Anna Cabana qui est sous le feu des projecteurs. Il y a 24h encore, j'ignorais que cette journaliste est l'épouse du ministre de l'Education nationale. C'est tout frais, semble-t-il. Ce qui a mis le feu aux poudres, c'est que, sur le plateau de la chaîne i24 news, Anna Cabana a animé un débat sur les déboires de son ministre de mari. Après coup, elle explique que tout le monde sait qu'elle partage la vie de Jean-Michel Blanquer - affirmation sujette à caution - et déclare : "J’ai fait mon travail de journaliste de manière honnête". Eh bien non ! Un minimum de déontologie ou d'éthique personnelle aurait été utile pour se permettre de parler d'honnêteté. C'est d'ailleurs bien de cela qu'il s'agit. En animant un débat sur le ministre de l'Education nationale sans rappeler d'où l'on parle - journaliste ET femme de... -, on leurre les spectateurs. Il n'y a aucune honnêteté là-dedans. Elle aurait été honnête de se mettre en retrait de cette émission-là. Elle aurait eu une attitude digne en se faisant remplacer ce jour-là. La direction de i24 news aurait d'ailleurs du le lui demander. Les débatteurs de cette émission auraient du refuser de participer à cette mascarade. Or, tout le monde a semble-t-il fermé les yeux, tout le monde a fait comme si tout était normal.
Dans l'équation vie pro / vie perso, au prétexte que toute femme a le droit d'avoir la carrière qu'elle souhaite et mérite, il n'est pour autant pas acceptable de considérer que l'on peut faire n'importe quoi. De surcroit, par son attitude exempte de bon sens, Anna Cabana vient jeter un peu plus de discrédit sur le métier de journaliste, déjà mis à mal depuis de longues années. A quel moment a-t-elle bien pu se dire que présenter cette émission serait sans conséquences ? Comment pouvait-elle croire que l'on n'y verrait que du feu ? A-t-elle sêché les cours de déontologie quand elle étudiait le journalisme ?
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