En octobre 2014, j'écrivais ce texte :
Ce
matin, au petit-déjeuner, j’ai été témoin d’un échange étonnant entre mon fils
âgé de 7 ans, et ma fille de 4 ans. Je ne sais plus comment ils se sont mis à
parler de cela mais toujours est-il que ma fille a dit que quand elle sera
grande, elle ne veut pas travailler. Comme moi, en gros, qui actuellement ne
travaille officiellement pas. Mon fils a manqué s’étouffer avec son chocolat
chaud, rétorquant que ce n’était pas possible, qu’il faudrait qu’elle
travaille, qu’une maman pouvait ne pas travailler à la condition que son mari
gagne assez et qu’en plus, avant de trouver un mari, elle n’aurait pas le
choix, il faudra travailler. « Sans argent, tu vivrais comment ? »
lui a-t-il assené.
Je
vis et revis cette scène dans ma tête. D’un certain côté, elle me
rassure : mon fils a compris le monde dans lequel on vit, il ne conçoit
pas qu’une femme ne travaille pas, de manière générale. Ma fille, en revanche,
a oublié que sa maman a travaillé. Elle ne se rappelle pas de l’époque où je
travaillais – au sens officiel du terme, avec des fiches de paie, une
reconnaissance sociale -, bien qu’elle se rappelle ses journées chez sa nounou,
bizarrement. Dans son esprit d’aujourd’hui, il est normal que maman soit à la
maison. Ce qui me questionne lourdement sur l’image que je lui donne de la
femme et sur sa condition future.
En ce sens, il est sans doute plus difficile
d’éduquer une fille qu’un garçon aujourd’hui. Jusqu’à un passé proche
finalement, les choses étaient simples : les petites filles étaient
élevées pour faire de parfaites épouses et mamans. Pas besoin d’ailleurs de les
envoyer à l’école. Aujourd’hui, on les élève en cherchant à faire d’elles des
êtres libres de leurs propres choix, des femmes qui feront ce que bon leur
sembleront, des femmes qui auront à prendre des responsabilités et à les
assumer. Il incombe aux parents d’aujourd’hui la lourde responsabilité de cette
éducation.
Nous ne devons pas nous rater. Nous ne devons pas faire de nos
filles des êtres nécessairement hyper ambitieux qui dépasseront coûte que coûte les hommes dans
la hiérarchie des entreprises comme elles le font déjà dans bien des
Universités et grandes écoles. Nous ne devons pas leur enseigner la meilleure
manière de devenir des « winneuses », nous ne devons pas faire
d’elles des bêtes de concours. Nous ne devons pas tomber dans le piège qui
consisterait à sombrer dans les excès inverses de ceux du passé. Nous devons
simplement et par-dessus tout les aider dans leur choix, leur montrer l’étendue
des possibles, leur faire comprendre qu’à la différence de leurs aïeules, elles
tiennent le monde dans leurs mains.
« Dans
un monde vraiment égalitaire, les femmes dirigeraient un pays et une entreprise
sur deux et les hommes seraient aussi nombreux à s’occuper de leur foyer que
les femmes », écrit Sheryl Sandberg, directrice de l’exploitation de
Facebook, dès les premières pages de son livre « En avant toutes ».
Non seulement je dois montrer à ma fille une autre façon de voir les choses,
mais je dois aussi faire entrevoir à mon fils que peut-être un jour, il
partagera la vie de quelqu’un de si brillant que ce
sera lui qui restera à la maison pour élever les enfants. Peut-être même
aura-t-il simplement envie de le faire indépendamment de la réussite professionnelle de la
personne qui partagera sa vie, peut-être aura-t-il juste envie d’être père au
foyer.
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