jeudi 12 mai 2022

Vingt "soeurs d'infortune" décrivent un PPDA prédateur

J'ai regardé l'émission de Mediapart où témoignent une vingtaine de femmes victimes de Patrick Poivre d'Arvor (voir ici : PPDA : 20 femmes prennent la parole). Près de 2h30 de video, où la parole de ces femmes est incroyable de force et où l'on n'ose mesurer le nombre de femmes victimes qui ne se sont pas encore exprimé.

Début 2021, Florence Porcel portait plainte pour viol contre PPDA. Ce dernier s'était  empressé de se défendre sur le plateau de Yann Barthès (lire ou relire : PPDA et la drague à base de bisous dans le cou). Il pensait laver son honneur, il considérait que Florence Porcel n'était qu'une autrice en mal de reconnaissance qui cherchait à se faire connaître, il se posait en victime. Mal lui en prit. Depuis, les témoignages se sont multipliés. Dans l'écrasante majorité des cas, il s'agit d'affaires prescrites, pour lesquelles donc, selon toutes vraisemblances, l'ancien journaliste ne pourra pas être jugé. Qu'importe, disent ces femmes : en prenant la parole, elles lèvent le voile sur la personnalité PPDA. Elles l'accusent de violences sexuelles et de comportements problématiques. Elles prennent la parole pour soutenir Florence Porcel et pour encourager d'éventuelles et probables autres victimes à parler. Elles se serrent les coudes, elles font bloc. Florence Porcel a cette formule : "nous sommes des soeurs d'infortune".
 
(c) Mediapart
 
Ces 20 femmes racontent 20 ans d'agressions, elles décrivent des "modes opératoires" semblables, des situations comparables. Elles décrivent des viols par surprise. Elles disent : "il n'est pas question de consentement avec lui, il ne sait pas ce que c'est"; "c'est un monsieur qui se sert"; "il n'y a pas une once de séduction avec lui. Jamais. On est des choses". Pour elles, ce que leur a fait subir PPDA, "c'est une prise de pouvoir du corps des femmes qu'il croit à sa disposition".

Face à leurs témoignages, PPDA a déposé plusieurs plaintes pour dénonciations calomnieuses. "Quel intéret j'aurais aujourd'hui à sortir du silence et à dire ça ?", se défend l'une d'entre elles. "Parler, c'est risquer de faire exploser son avenir professionnel". Si leurs dénonciations étaient calmonieuses comme il le prétend, si elles s'avéraient menteuses, ces femmes auraient en effet plus à perdre qu'à gagner.

Chaque fois qu'il s'est exprimé depuis un an, PPDA a évoqué la tendresse dont il fait preuve et parlé de séduction. "Patrick Poivre d'Arvor serait donc un Bisounours", commente l'une de ces femmes. Pourtant, c'est bien tout l'inverse qu'elles décrivent. L'une d'elles balance : "ça m'a montré qu'on pouvait être la star du JT et une ordure".

Qui savait, chez TF1, ce qui se passait dans le bureau du grand manitou du 20h ? "Tout le monde", assure la journaliste Clémence de Blasi qui, en 2015, doit rencontrer PPDA. On la prévient alors : "attention, pas de décolleté, pas de maquillage, pas de jupe. Il faut faire très attention (...). Tout le monde le savait. Toute le monde le savait dans le monde des médias, tout le monde le savait à la télévision, tout le monde le savait dans l'édition". Pourtant, chez TF1, on continue semble-t-il de penser que ce n'est pas parce que vous êtes un dragueur invétéré que vous êtes un violeur en puissance. Hélène Devynck, qui a travaillé avec PPDA et l'accuse de viol, a cette phrase : chez TF1, "qu'est-ce qu'on savait sans savoir, qu'est-ce qu'on voyait sans voir ?" Pour quelques-unes d'entre elles, sans doute que l'on ne voulait pas savoir "en raison de la personnalité du bonhomme". Parmi ces 20 témoignages, la plus ancienne affaire remontre à 1985.


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