Comment ne pas s'interroger sur certaines expressions de la langue française ? "Tomber enceinte", comme si c'était un accident, une chute. "Se faire violer", comme si on était responsable de cette agression. Pourquoi ne pas dire "elle a été violée", "on l'a violée", plutôt que : "elle s'est fait violer" ? La façon dont on s'exprime communément est orientée. Si l'on y prend garde, on fait preuve d'un sexisme évident, même lorsque l'on est femme.
C'est un travail auquel s'adonne la linguiste Florence Montreynaud. Cette féministe qui a lancé le mouvement des Chiennes de garde, vient de publier "Le roi des cons - Quand la langue française fait mal aux femmes". Elle y décortique des expressions courantes. Par exemple, "J'aime les femmes" veut surtout dire "je ne suis pas pédé", observe-t-elle, soulignant que l'on peut lire, dans des nécrologies d'hommes célèbres : "Il aimait la vitesse, les chevaux et les femmes". Oui mais voilà, à propos d'une femme, écrirait-on : "elle aimait l'alpinisme, les crocodiles et les hommes" ? Et Florence Montreynaud de répondre : "Certes non, car une femme qui "aime les hommes" est aussi qualifiée de nymphomane".
De la même façon, à propos des "violences faites aux femmes", la linguiste encourage à plutôt dire "les violences contre les femmes", "faites" étant un participe passé "neutre et plat", quand "contre" est un adverbe bien plus engageant en termes de sens et de portée.
Ne pas dire non plus "femmes battues" car alors on s'économise de dire par qui, mais préférer "victimes de violences du mari". Le coupable est nommé. Il doit assumer.
Dans la vie quotidienne, quand on aborde la question du partage des tâches à la maison, on utilise souvent le verbe "aider". Jules aide Jeanne à la maison ? Non, Jules prend sa part des tâches à la maison. La maison n'est pas le pré carré de Jeanne. Cette maison est la leur, à tous les deux.
A nouveau, comme dans le débat autour de l'écriture inclusive, on observe que la richesse de la langue française nous permet de contourner facilement les travers sexistes du langage. Si nous y prêtons attention, nous corrigerons cette vision du monde enfermée dans le point de vue du mâle dominant.
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