mardi 19 décembre 2017

Contraception : bon anniversaire mesdames !

50 ans ! Cela fait 50 ans que les femmes françaises ont la possibilité de décider quand elles feront un enfant. Ca se fête, non ?

Le 19 décembre 1967, l'Assemblée nationale adoptait la loi Neuwirth, du nom de ce député - Lucien Neuwirth - qui avait rédigé le texte de loi autorisant l'accès à la contraception orale en France. En 1974 ensuite, la pilule et le stérilet seront remboursés par la Sécurité sociale. 
Même si depuis les soucis rencontrés par certaines jeunes femmes avec les pilules dites de 3è génération, on a pu observer une diminution du recours à ce mode de contraception - et ce notamment parmi les plus jeunes utilisatrices -, la pilule tient toujours le haut du pavé.

Pour autant, du chemin reste à parcourir en matière de contraception. Tout d'abord, force est de constater que la contraception, en France, est une affaire de femmes. Ainsi, très rares sont encore les hommes qui, dans notre pays, choisissent de recourir à la vasectomie, alors que c'est complètement rentré dans les moeurs outre-Atlantique. Au Canada par exemple, on considère que la contraception concerne le couple et à choisir, on préfèrera souvent que monsieur subisse une vasectomie plutôt que madame absorbe une pilule médicamenteuse chaque jour. De ce côté-ci de l'océan, la plupart des hommes ne veulent même pas en entendre parler.

De l'avis général, la vasectomie reste une atteinte à l'intégrité physique, de même que la stérilisation des femmes. Depuis une modification du Code pénal en 2001, il est cependant possible de recourir à la vasectomie ou à une ligature des trompes. Et c'est là que le corps médical a sa responsabilité.Si l'on comprend l'importance d'imposer un délai de réflexion à la personne qui souhaite recourir à cette méthode contraceptive définitive, qu'il s'agisse d'un homme ou d'une femme, ou encore pourquoi pas qu'il y ait nécessité de consulter un psychologue lorsque l'on a un projet de la sorte, on peine à saisir pourquoi certains médecins refusent catégoriquement de permettre à leurs patients de faire cela. 

Plusieurs femmes m'ont témoigné leur interrogation à ce sujet. L'une d'entre elles par exemple, mère de trois enfants et bien décidée à ne pas avoir d'autres bébés, a opté pour la stérilisation. Elle considérait qu'il n'y avait plus lieu pour elle d'avaler une pilule quotidiennement ou de recourir à un stérilet jusqu'à l'âge de la ménopause quand on pouvait procéder de façon définitive. Se mêlant de ce qui ne le regardait pas, son médecin lui a rétorqué qu'elle devait garder à l'esprit que peut-être son mariage pourrait prendre fin et que si elle refaisait sa vie avec un autre homme, elle aurait peut-être envie d'avoir un autre bébé... De quoi je me mêle ? Où se trouve l'éthique médicale là-dedans ? 

Si l'on en revient aux origines de la contraception, l'idée de base est quand même le droit pour chacun de disposer de son corps. Pourquoi donc, 50 ans plus tard, continuer de penser à la place des femmes et des hommes qui feraient le choix, en conscience, de ne pas ou de ne plus procréer ? Qu'on y mette des garde-fous, que l'on encadre les choses d'un point de vue psychologique, bien sûr, mais que l'on laisse les individus décider de ce qu'ils veulent faire de leur appareil reproductif. C'est semble-t-il le défi de demain. Voilà en tout cas un sujet de plus à porter dans le cadre de la révision de la loi de bioéthique prévue en 2019.

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