jeudi 3 décembre 2020

Je suis née sous Giscard, Annie Cordy et Michel Robin

Je suis née sous Giscard. Valéry Giscard d'Estaing est mort hier. 2020, cette année maudite où tant de gens ont trouvé la mort, covid oblige, ou simplement parce que, comme on le dit encore parfois, "ils sucraient les fraises". Plus que jamais, j'ai le sentiment, cette année, que nombre de personnalités avec lesquelles j'ai grandi, se sont éteintes. Rien que ces derniers jours, Anne Sylvestre, Diego Maradona, Michel Robin. Et puis avant eux, Sean Connery, Alain Rey, Juliette Gréco, Michael Lonsdale, Roger Carel, Annie Cordy, Gisèle Halimi, Ennio Morricone, Guy Bedos, Michel Piccoli, Christophe, Manu Dibango, Jean Daniel, Kirk Douglas... L'hécatombe ! Qu'on les ai aimés ou non, tous ces noms font partie de notre culture commune. Ils nous sont familiers, ils nous ont entourés, ils ont fait partie de notre paysage. Et voilà que, les uns après les autres, ils disparaissent. Et l'on convoque leur souvenir. On se demande dans quel film ils nous ont émus, quelle est la chanson que l'on fredonne, quelle image d'eux on conservera dans nos mémoires. Partant, on mesure le temps qui passe. 

Juliette Gréco, décédée en septembre 2020
 

Nous étions enfants quand Annie Cordy chantait "tata Yoyo". Nous avons sans doute, pour la plupart, ri avec Michel Robin dans "Les aventures de Rabbi Jacob" ou dans "La chèvre"... Ces personnalités nous ont accompagnés, nous avons grandi avec eux, et voilà que nous allons poursuivre notre route sans eux. Avec leur disparition, nous prenons conscience du fait que nous aussi, nous vieillissons. Nous ne sommes plus des enfants. Depuis longtemps déjà. Mais il nous faut ce genre de nouvelles pour le réaliser. Dans leurs tombes, ces personnalités emportent avec elles une part de notre enfance et de notre jeunesse passées. 

Je me souviens avoir pris conscience de cela à la fin du siècle dernier, au moment de la mort de François Mitterrand. Il avait été le premier président avec lequel j'avais des souvenirs - j'étais trop petite du temps de Giscard. Son décès m'avait donc frappée, d'autant que la fin de son second septennat n'était pas si lointaine. J'avais le sentiment de perdre un intime en quelque sorte, parce qu'il avait fait partie de mon paysage depuis ma toute petite enfance jusqu'à ce que je devienne étudiante. Il emportait avec lui toute mon enfance en somme. L'année suivante, c'est la chanteuse Barbara qui décédait. Même sentiment d'abandon, avec cette idée qu'on allait devoir continuer sans eux et, qu'on les aime ou non, ça ferait comme un vide dans nos vies. C'était déjà il y a plus de vingt ans. C'était pourtant hier. Les années passent à un rythme effréné et il nous faut ces disparitions pour le réaliser. Il nous faut aussi, et c'est plus joyeux, les anniversaires des enfants. Une adolescente très chère à mon cœur fête aujourd'hui ses 14 ans. Je convoque le souvenir de son visage poupon, lorsqu'elle était toute petite, son espièglerie d'alors m'accompagne et m'aide aussi à mesurer le temps qui passe. Et je me demande quelles sont les personnalités publiques qui l'entourent aujourd'hui, qui font partie de son paysage et lui feront mesurer le temps qui passe, lorsqu'elles décéderont.

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