jeudi 11 février 2021

Batailles personnelles de femmes

On pensait l'année 2020 toute pourrie. On s'imaginait que forcément, après ça, tout irait mieux. Ça semblait tellement évident. Après la pluie, vient le beau temps... Pourtant, alors que 2021 débute à peine, force est de reconnaître que tous les espoirs que nous avions mis dans ce renouveau que semble constamment le passage à la nouvelle année apparaissent futiles, bien innocents. On pensait pouvoir tout laisser derrière nous, et aller de l'avant. Mais voilà, la crise sanitaire n'a pas dit son dernier mot, la crise économique ne fait que commencer, et les crises intimes et personnelles s'ajoutent au marasme ambiant. Autour de moi, tout semble chaotique. De nombreuses femmes qui me sont plus ou moins proches paient un lourd tribu aux crises conjuguées. Je ne les nommerai pas, évidemment, mais elles se reconnaîtront sans doute si elles lisent ces lignes. Parmi ces femmes, il y a celles dont le couple est déchiré et qui n'entrevoient pas encore sereinement l'issue du tunnel, qui comprennent plus ou moins bien ce qui leur arrive. Elles se battent pour comprendre, elles se battent pour ne pas sombrer, elles se battent pour leurs enfants, elles se battent pour exister, elles se battent pour leur avenir. Elles déploient une énergie folle. Je pense à elles, à leurs douleurs, à leurs difficultés. 

Il y a celle qui souffre pour sa fille adolescente, malade d'un Covid long. Cela fait des mois que ça dure, des mois que son enfant est fragile, diminuée, fatiguée, trop fatiguée. Alors sa mère se bat, fait bonne figure pour ne pas inquiéter l'enfant, mais s'inquiète, s'inquiète tellement. Je pense à elle, à elles.

Il y a celle qui ne trouve pas sa place professionnelle, qui enchaîne des expériences où elle ne s'épanouit pas. Elle fait le job, donne satisfaction mais quand, au bout de quelques mois, on lui propose de signer un CDI, elle refuse. Ok pour travailler, mais à une place et dans un rôle qui aient du sens. Surtout, ne pas s'enfermer dans un contrat de travail indéterminé où on ne sait pas à quoi ça sert de se lever le matin. Être utile, et être reconnue pour cela, cela ne lui suffit plus. Elle veut pouvoir s'épanouir, prendre du plaisir à ce qu'elle fait. Elle trouvera sa voie.

 

Toutes ces femmes ont en commun une combativité étonnante. "On n'a pas le choix", pourrait me rétorquer chacune d'entre elles. Je leur répondrais qu'on a toujours le choix, au fond. On pourrait tout à fait lâcher prise, se laisser aller, subir sans broncher et advienne que pourra. On pourrait baisser les bras. Mais ce n'est pas ce qu'elles font. Elles tiennent debout, elles sont volontaires, elles ont une conscience aiguë des embûches qui se présentent à elles. Pour injustes que soient leurs sorts, elles œuvrent pour les conjurer. Elles avancent pied à pied.

Pour ce que ça vaut, je suis fière d'elles, je leur adresse tout mon soutien, mon respect. Elles sont dignes, elles sont fortes, elles sont admirables. Mais si elles ne l'étaient pas, si elles sombraient, si elles ne se battaient plus, je les aimerais et les soutiendrais tout autant... Nul n'est infaillible. On a le droit d'être faible, on a le droit de craquer, on a le droit de renoncer, on a le droit de se laisser aller.


Lire aussi :

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire