vendredi 10 juillet 2020

24h de la vie d'une femme

La maternité.
Il y a 13 ans tout pile, je souffrais le martyre. Pendant 23h, j'ai enduré la souffrance de l'enfantement. Pendant 23h, je n'ai pas dormi, pas mangé, je n'ai rien pu faire d'autre que de gérer la douleur et la péridurale. Je suis arrivée à la maternité après avoir très légèrement dîné. Le rendez-vous avait été pris, on allait déclencher mon accouchement. Il faisait une chaleur pénible cet été-là, j'avais gonflé incroyablement, j'avais du mal à mettre mes tongs, à monter et descendre les cinq étages sans ascenseur de l'immeuble où je vivais. J'avais pris beaucoup de poids. Alors, quand ma gynécologue, inquiète, m'avait proposé de déclencher cet accouchement, je n'ai pas hésité. Ma grossesse avait été compliquée de bout en bout, cela avait été un parcours du combattant, j'avais hâte que ça se termine. 

Nous allions déclencher le travail le soir. On pensait que je ne sentirais pas de contractions de suite, que je pourrai dormir un peu. Que nenni ! Très vite, les contractions ont débuté, intenses. Mais elles n'étaient pas efficaces, il ne se passait pas grand-chose. Au petit matin, l'infirmière de nuit est venue me voir avant de partir et m'a dit, dans un sourire : "ce soir à mon retour, vous me présenterez votre bébé". Quand elle est revenue, en fin de journée, j'en étais toujours au même point... J'étais épuisée, si bien que ce qui devait arriver arriva, on m'a emmenée au bloc, il fallait faire une césarienne. La gynécologue était désolée. Je voulais juste qu'on en finisse. Quelqu'un a mis de la musique. On m'a attachée les bras et on m'a expliqué pourquoi, on a installé un voile devant moi, j'ai fermé les yeux, je me suis concentrée sur la musique. Je n'avais même pas peur d'avoir mal, j'avais déjà suffisamment souffert. Cela n'a duré que quelques minutes. Mon bébé allait bien. Il avait simplement de la fièvre et était aussi fatigué que moi, on l'a très vite emmené pour la nuit. Je crois que je n'ai même pas réagi. J'étais trop épuisée. On m'a emmenée dans ma chambre et j'ai sombré dans le sommeil, de suite.
Il y a 100 ans de ça, je pense que je serais morte en couches, et mon fils avec moi. Mais nous étions en 2007 et les professionnels de santé qui nous entouraient savaient ce qu'ils faisaient. Ils ont pris soin de nous, ils ont été attentifs, ils ont fait ce qu'il fallait.

Au petit matin, j'ai pu faire connaissance avec mon bébé. Notre vie de famille pouvait commencer. Aujourd'hui, ce bébé né dans la souffrance fête ses 13 ans. 13 ans déjà que je vois sa frimousse chaque jour, que nous grandissons ensemble, que nous tissons une relation parfois compliquée, mais de plus en plus complice et que j'apprends, à son contact, le rôle de mère, sans cesse en évolution. Du haut de ses 13 ans, il bougonne, râle et je m'agace. Du haut de ses 13 ans, il chante, plaisante et mon cœur s'emballe.


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