vendredi 10 mai 2019

Relations mère-fille et féminisme : tu te battras ma fille !

Qui a décidé que les féministes seraient les adversaires des hommes ? Que nécessairement, toute femme se revendiquant du féminisme aurait les hommes en horreur, les mépriserait ? Encore souvent, on remarque un fort glissement de ce style. Comme si défendre ses droits en tant que femme se résumait à attaquer ce que font ou ne font pas les hommes. Comme si le combat des féministes était d'écraser les hommes. Les raccourcis, les caricatures, sur ce sujet comme souvent, nuisent au combat initial. Aussi, lorsque par exemple, le cinéma ou les séries télévisées se montrent caricaturaux, on s'agace. 

Ainsi, dans la saison 2 de l'affolante série The Handmaid's tale (La servante écarlate en français), lorsque l'on découvre Holly, la mère de June - le personnage central de la série -, cette femme dont la vie est un combat féministe de bout en bout, on hallucine : cette mère exprime sa déception quand elle regarde ce que devient sa fille. Holly désapprouve en effet le mariage à venir de June, aussi sympathique soit l'homme choisi. Elle considère que dans le monde dans lequel elles vivent, il y a tout de même mieux à faire que de se marier. Il faut se battre pour améliorer la vie des femmes, leurs droits, être militantes, etc. 



Élever sa fille dans le féminisme et la voir attendre qu'un homme la sauve comme dans les contes de fées désole Holly. Laquelle méprise même les choix professionnels de sa fille, assistante d'édition, quand elle même pratique des avortements. Le féminisme de Holly est, sinon extrémiste, presque caricatural. Il frappe de plein fouet June, qui souffre très clairement du regard de sa mère sur elle et sur ses choix. June ne fait pas la fierté de sa mère, elle le sait, elle se tait. Cette relation mère-fille est complexe. C'est l'opposition de deux façons de vivre, ce sont deux consciences en désaccord. Holly transpire le féminisme, le combat pour les femmes est sa raison de vivre, son quotidien, elle ne parle que de cela, ne vit que pour cela. Et l'on comprend qu'elle a eu une fille pour cela, pour poursuivre le combat. Mais June est une taiseuse, elle n'affronte pas sa mère, mais se bat pour sa propre survie, seule et contre tous. Elle incarne une autre forme de féminisme, elle n'est pas extravertie. Mais elle avance ses pions, à petits pas, elle veut vivre.

Dans La servante écarlate, comme dans Big little lies, au fond, la relation mère-fille met l'accent sur ceci : les mères regardent leur fille évoluer et ne peuvent s'empêcher le parallèle avec leurs propres choix, leur propre jeunesse. Elles voudraient que leur fille réussisse là où elles ont échoué, elles se projettent au travers de leur enfant et, le cas échéant, lui reprochent les choix qu'elles n'auraient pas faits. Est-ce ainsi dans la "vraie vie" ?

Si vous ne l'avez pas déjà fait, je ne saurai trop vous conseiller cette série, diffusée sur OCS, qui découle du roman d'anticipation de Margaret Atwood. Il y est question des femmes, du corps des femmes, de ce que l'on en fait, il s'agit de la survie de l'humanité. Les âmes sensibles, néanmoins, s'abstiendront : la violence et la tension jalonnent chaque épisode...

Lire aussi :

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire